Si vous êtes des fidèles lecteurs de nos critiques livres sur le site, vous savez qu’on aime les ouvrages qui font preuve d’originalité. L’an dernier, dans la catégorie des polars, un auteur nous avait particulièrement marqué avec un ouvrage très surprenant, La disparition d’Adèle Bedeau. A la plume, un certain Graeme Macrae Burnet, dont on attendait avec impatience un nouvel ouvrage. C’est donc désormais chose faite puisqu’on le retrouve en ce début d’automne avec L’accident de l’A35, toujours édité chez Sonatine.
On retrouve donc avec plaisir l’inspecteur Gorski dans des décors alsaciens pour une nouvelle enquête. Celle-ci concerne la mort d’un avocat respectable, un certain Bertrand Barthelme, qui trouve la mort une nuit dans un accident de voiture. Lorsque l’inspecteur Gorski vient annoncer la triste nouvelle à sa femme, il trouve celle-ci curieusement détachée. Une seul question semble l’intriguer : que faisait son mari sur cette route au milieu de la nuit ? Question banale en apparence, mais qui va vite mener Gorski à s’interroger sur la vie de cet homme et de ce couple de notables apparemment sans histoires.
L’auteur nous refait le coup de la préface qui intrigue et explique aussi le récit dans lequel on se lance. La préface nous raconte l’histoire de deux manuscrits adressés à l’ancien éditeur de Brunet, l’auteur de La disparition d’Adèle Bedeau. C’est l’un de ces manuscrits que le lecteur s’apprête à lire. Ce manuscrit, L’accident de l’A35, serait un ouvrage d’un écrivain décédé et aurait été écrit dans les années 80. Belle entrée en matière, ça sent l’entourloupe, d’autant plus quand on connaît l’auteur et celle-ci se confirme par la postface, tout autant intriguant.
L'ouvrage alterne les points de vue de l'inspecteur mais aussi celui du fils du défunt, un personnage assez étrange qui décide aussi de mener son enquête. Des secrets de famille se dévoilent, des mensonges aussi qui font tomber le vernis de cette famille bourgeoise.
Une fois encore, l'auteur ne cherche pas à nous dépeindre une intrigue folle et insoutenable, préférant s'attarder sur des personnages à la psychologie fouillée, sur une époque aussi, celle des années 80, sur un lieu, ce petit village alsacien et sur un groupe social de l’époque, la petite bourgeoisie provinciale. Il nous promène sur 300 pages environ, portés par son écriture délicate et on se laisse prendre à son jeu avec un immense plaisir.
Graeme Macrae Brunet n'est pas un nostalgique de Simenon et de Chabrol pour rien. Ces ouvrages respirent l'univers de ces maîtres. |