S'affaler devant la télé permet parfois de découvrir un film que l'on a raté à sa sortie. Ainsi en est-il du film de Noémie Lvovsky "Les sentiments". Et pourtant Dieu que l'affiche est belle ! Sur fond arboré, quatre comédiens talentueux témoignent de la joie de vivre.
Couleurs chaudes et décors cossus, deux couples l'un jeune, l'autre moins. Une histoire banale une liaison entre amis qui n'affecte en rien leur belle humeur dès lors qu'elle repose sur des sentiments cachés.
Jean Pierre Bacri et Nathalie Baye sont parfaits en quadras moroses en phase de résignation et d'anesthésie des sentiments, bien que dans des emplois désormais balisés, respectivement d'atrabilaire grognon et légèrement dépressif et de bourgeoise dans un état émotionnel limite.
Et à côté de Melvil Poupaud, il y a Isabelle Carré qui donne toute sa couleur et sa grâce au film. Lumineuse, elle incarne avec justesse la jeune femme heureuse à qui tout sourit, qui telle une enfant devant une devanture de patisserie rêve de goûter à tous les gateaux et dont la vie lui rappelle la nécessité du choix.
Le film se présente sous forme d'une opérette, visuelle et sonore, a la croisée des chemins entre le cinéma enchanté de Jacques Demy, l'imagination créatrice d'Alain Reisnais et la comédie nombrisliste de Woody Allen sur la dramaturgie du couple. Cela donne une jolie comédie, parfois cocasse, pleine de bons sentiments justement.
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