En 8 albums, la musique de Samy Thiébault n’a cessé de gagner en ampleur et en profondeur pour atteindre avec ce Symphonic Tales le nirvana. Un disque comme un aboutissement, un palais plein d’abondance, où chaque disque précédent est comme les pierres qui en font ses fondations.
"Je trouve ma voie en établissant des connexions entre des éléments qui renvoient à ma propre histoire" expliquait le saxophoniste à l’époque d’A feast of friends, disque hommage aux Doors.
Dans ce Symphonic Tales, Samy Thiébault entremêle jazz, musiques indiennes et musique savante. Il entremêle plus qu’il ne superpose, chaque élément ayant la même importance est mis sur le même plan. Il en va de même pour le rythme ou les mélodies. John Coltrane, Charles Ives, Duke Ellington, Vincent d’Indy, George Bruns, Aaron Copland lost in Jaipur en quelque sorte. Symphonic Tales est surtout un disque envoûtant et enivrant qui évite tout exotisme pour se concentrer sur autre chose : un tourbillon de sons, de couleurs, d’odeurs presque... un peu comme Christophe Colomb qui de l’Europe ("The Flame", "Adana") pour découvrir les Indes redécouvre l(es)'Amérique(s) ("Elevation", "Jahân Jog Joy", "Ajurna", "Diwali").
Le saxophoniste invente une autre chose et façonne de superbes constructions musicales. Des constructions, une architecture qui reposent sur une écriture, d’excellents musiciens amis (Sylvain Romano à la contrebasse, Adrien Chicot au piano, Philipe Soirat à la batterie, Mossin Kawa aux tablas), de la poésie, de très beaux arrangements, un travail sur les timbres et une instrumentation audacieuse (l’orchestre dirigé par Aurélien Azan Zielinski ne servant jamais de simple faire-valoir) et du côté du saxophoniste un sens du phrasé et des chorus, de l’articulation, un son d’une très belle clarté (merci Philippe Teissier du Cros) tout en rondeur.
Et puis il y a un mélange de sensualité et de masculinité. Une autre chose comme une façon de dessiner de nouveaux territoires et pour le saxophoniste de nouvelles racines. Un peu comme Christophe Colomb qui de l’Europe ("The Flame", "Adana") pour découvrir les Indes redécouvre l(es)’Amérique(s) ("Elevation", "Diva and Shiva", "Jahân Jog Joy", "Ajurna", "Diwali").
Décidémment ce mois de janvier est bien triste pour la culture. Marianne Faithfull a tiré sa révérence et c'est encore un peu de tristesse qui s'ajoute à celle plus globale d'un monde tordu. Il reste la culture pour se changer les lidées. Retrouvez-nous aussi sur nos réseaux sociaux !