C’était peut-être une nuit, Catherine Watine rencontre le compositeur Intratextures. Ensemble, ils envoûtent les mots et s’enivrent de sons autour d’un projet : A l’oblique. De la musique alternative, une poésie soluble aux accents élégiaques, élevée au rock et à la brume. Extatique.
D’une toile électronique qui fait des ronds dans l’eau et d’un battement de cœur, Phôs tisse un songe merveilleux où le spleen serait doux et la mélancolie une tendresse. Le chemin est le voyage et l’horizon une ligne de fuite, Phôs contemple la baie des songes comme on plane après une ivresse des sens. Infinie solitude.
Un piano, un glissement, une corde électrique tendue à l’extrême se font l’écho de nos élucubrations intrapersonnelles. Quand les autres moi se sont invitées à la table de mes choix et font débat en dégoupillant des grenades, Phôs ouvre la trop secrète boîte de Pandore là-dedans et déverse une tornade de sentiments, tous mélangés, tout emmêlés.
"Nos ivresses, nos paresses, tout doit disparaître, tous ces regains urbains qui s’enchevêtrent, en attendant la métamorphose, j’entasse des milliers de choses, dont un mouton et une rose qui ce matin avait éclose" ("Un mouton et une rose").
A l’oblique est la lumière qui décline, le gisement des émotions bien planquées au creux du ventre, de celles qu’on ne sort que pour les grandes occasions, les trémolos et les vibrations dans la gorge, le souffle convulsé et l’âme à nu. La confiance. La peur. Les autres. Et l’amour, cette grosse vache languissante et insaisissable qui fait la pluie et le beau temps sur la bande son de nos vies. Sérieux ?
"Il est de sombres misères que l’on cache à autrui, regarde au loin l’horizon est restreint, à croire qu’il s’étouffe, qu’il penche, il est de sombres passions qui jamais ne naissent sauf en monstre glouton, il est de sombres terres, sous la dernière marche des cieux, trop proche de l’enfer, au point qu’on n’a d’autre choix que de se taire, il est de sombres déserts qui s’enfoncent dans les entrailles de nos plafonds de verre." ("L’horizon est restreint")
Les mélodies plantent le décor flou de l’exploration intérieure, au fil des textes à la poésie chamanique, si vous avez l’audace de baisser la garde, vous serez vite immergés dans une douce chute sans fin, vers de mystérieuses profondeurs pavées de tempêtes silencieuses et de complicité malicieuse. Liberté.
Les folles se sont invitées à ma table, elles lisent l’avenir dans des entrailles de licorne tout en buvant des soupes à bulles dans des verres de pétasse. Il y a même une rondelle d’aubergine au bord de la coupe et une branche de céleri pour touiller. En plein désarroi. Liberté. Allons batifoler dans les tourbillons de feuilles mortes. J’ai pris une de ces claques. Monumentale. Damned.
Tout fout le camp en ce moment. En attendant des jours meilleurs, accrochons nous et noyons notre chagrin dans la culture !Cc'est parti pour le sommaire de la semaine en commençant par le replay de la 63eme Mare Aux Grenouilles.