Des top gun qui volent, un ciel rougeoyant, des pilotes aux muscles saillants, des sentiments blockbusterisés et un happy end en guise de remerciements... Les Michel Vaillant du ciel, serait-on tenté de dire, ont hélas de beaux jours devant eux.
Les Chevaliers du ciel, pour être plus précis, reposent on s'en doute sur un scénario qui aurait mal tourné ; un film de plus sans intérêt, une goutte d'eau dans l'océan des sorties aseptisées. Et pourtant, la lumière et l'espoir reviennent à la lecture du générique. Une ligne attire l'attention. Soundtrack from Chris Corner. La lutte n'était donc pas vaine.
Si Les chevaliers du ciel ressemble tant à Michel Vaillant, c'est autant pour la maigreur de son scénario sitcomisé que pour la présence d'un artiste de renom aux platines. Si Michel Vaillant laissait déambuler Archive au fil des images, Les chevaliers du ciel possèdent une arme de destruction massive. Nom de code Chris Corner, toujours dans les bons coups musicaux.
En embuscade, prêt à laisser moult dommages collatéraux sur son passage. L'entreprise de destruction avait commencé voila presque dix ans, du coté de Sneaker Pimps et de son trip-hop indie mélancolique. Et s'était poursuivi en solo avec I am X pour une escapade aussi salutaire qu'acclamée. La suite se faisait attendre, et les fans du chantre auraient sans doute peu misé sur cette bande-son.
A tort justement. Si le film se regarde du bout de l'iris, la Soundtrack a de quoi surprendre. Loin des genres convenus où se mêlent fourre-tout musicaux, reprises dépoussiérées du grenier (Kill Bill pour n'en citer qu'une) et hurleuses sur le retour, Les Chevaliers du ciel, version sonore, permet à l'auditeur de pénétrer dans le terrain de jeu de Chris Corner. Neuf chansons originales, dans tous les sens du terme, ponctuent ce navet filmique d'éclairs de génies.
"Attack 61" et ses batteries lourdes comme un sein qui tressaute, mais surtout "We rise", étonnamment tubesque, révèlent des compositions qui n'auraient sans doute pas à rougir face à Kiss + Swallow, la dernière œuvre en date de Corner. Un moment de récréation musicale pour l'anglais aux relents 80' , mais surtout la possibilité d'injecter du sang neuf dans son actualité trop rare.
Comme jadis avec Kelli Dayton chez Sneaker Pimps, les collaborations féminines constituent le point d'orgue de la création. Sue Denim , plus connue chez Robots in disguise, vient prêter son grain de voix noisy sur "Gonna Wanna" et "You're the conversation", et c'est un escadron d'images qui défilent dans nos têtes.
Les plans défilent, des travellings s'imaginent à l'écoute de cette Soundtrack novatrice, agrémentée d'un cockpit "Inferno" de Ghinzu fort à propos. Un moment de détente rageuse sur une Bande Orginale qui ne terminera sans doute pas sa course dans les bacs à soldes.
Chris Corner montre encore une fois l'étendue de ses possibilités, les couleurs de son talent. Aussi beaux qu'un Boeing qui décolle dans l'azur.
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