Comédie à sketches de Giuseppe Montesano, mise en scène et interprétée par Enrico Ianniello, Tony Laudadio, Andrea Renzi et Luciano Saltarelli. Ils sont quatre, en smoking et nœuds papillons. Une table basse leur sert de scène et tout le reste de la scène sera le plus souvent dans le noir.
La table est assez large pour qu'ils s'y tiennent parfois tous les quatre suivant les sketches qu'ils proposent. Mais elle est si étroite qu'ils ne peuvent s'y mouvoir.
Qui sont-ils ? Des quadragénaires presque quinqua et des quinquagénaires presque sexa. Ils s'appellent Enrico Ianniello, Tony Laudadio, Andrea Renzi et Luciano Saltarelli.
Pendant plus d'une heure, ils vont faire assaut de mots avec la classe de leur classe. Car ces messieurs sont riches et cyniques, modernes et post-modernes, pas loin des bobos français de leurs âges.
Si l'on veut les rapprocher de leurs glorieux prédécesseurs, ils auraient pu être parmi les "Monstres" et les "Nouveaux Monstres" qui furent décortiquer par Dino Risi dans les années 1960 et 1970.
D'ailleurs, les amateurs du cinéma italien qu'on voit encore en France ont pu les croiser dan les derniers films de Nanni Moretti, comme "Mia madre" ou "Habemus Papam", où ils jouent des seconds rôles. On les suppose aussi abonner à des programmes télés. Ils ont la truculence et la verve des Tognazzi, des Sordi, des Manfredi... et même des arrière-goûts d'Aldo Maccione, c'est-à-dire des Italiens tels que les Français les voient.
Pour saisir tout ce qu'ils fustigent, mieux vaut pouvoir comprendre directement ce qu'ils disent que d'être obligé de lire les surtitres. Sinon, il y aura de la déperdition, la frustration de perdre en route les chutes qui font rire ceux qui sont italophones.
Tant pis ! C'est le jeu de la découverte de ce qui amuse nos voisins transalpins. On cherchera en vain un équivalent français à ce quatuor au flot nourri perpétuellement, à ce brasier de vacheries et d'impertinences politiquement incorrects, notamment sur les pauvres et les migrants.
Ils ont l'avantage sur bien des "humoristes" bleu blanc rouge d'être d'excellents comédiens qui savent se tirer d'une contrainte quand même très forte, celle de jouer sur une table de quelques dizaines de décimètres carrés. Les textes qu'ils interprètent à grande vitesse et avec beaucoup de faconde sont l'oeuvre de Giuseppe Montesano, le traducteur en italien, d'"Elvira" de Brigitte Jacque-Wajeman. Billettiste et chroniqueur dans nombres de journaux et revues italiennes, il a le sens de la formule et des sujets contemporains.
Bref, "New Magic People Show", ponctué seulement par quelques onomatopée "jazzy", n'a rien à voir avec le "stand-up" anglo-saxon ni le défilé de sketches à la française. Les quatre vieux sacripants chics ont l'élégance légèrement ironique d'un Paolo Conte et fournissent un spectacle qui, malgré les obstacles de la langue, mérite largement le déplacement.
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