"M. Grétry est de Liège ; il est jeune, il a l'air pâle, blême, souffrant, tourmenté, tous les symptômes d'un homme de génie. Qu'il tâche de vivre s'il est possible". Friedrich Melchior Grimm
Quand on écoute ce disque, on se dit que l’histoire est parfois bien injuste et laisse dans l’oubli des œuvres qui auraient mérité une belle reconnaissance. Raoul Barbe Bleue d’André Grétry (né à Liège le 11 février 1741, mort à L'Ermitage de Montmorency, le 24 septembre 1813, spécialiste de l’opéra-comique à la fin du XVIIIème) sur des paroles de Michel-Jean Sedaine, n’y a malheureusement pas échappé. L’œuvre a eu un succès relatif lors de sa création, mal comprise, incomprise plutôt, trop inclassable, trop hétéroclite pour l’époque entre presque comédie et tragédie et un style mêlant classicisme et pré-romantisme.
Et puis d’un coup cette œuvre totalement oubliée, pas rejouée depuis deux siècles, cet opéra-comique à la force dramatique et à l’écriture ciselée loin d’être anecdotique retrouve une seconde vie. D’abord, la compagnie Les Monts du Reuil en collaboration l'Opéra de Reims mais avec un effectif plus réduit et puis maintenant avec cette collaboration entre le festival Norvégien Barokkfest et le centre de musique baroque de Versailles.
"Raoul Barbe Bleue est une double parodie, tout d’abord celle du conte de Perrault, et également d’une légende tombée dans l’oubli mais très à la mode au XVIIIème, la légende de la Dame de Fayel et la châtelaine de Vergy (reprenant le motif du cœur-mangé N.D.L.R.). On retrouve les prénoms des différents protagonistes, mais habilement utilisés par Sedaine, indiquant que nous sommes bien là dans une comédie et non dans une tragédie."
On y retrouve toute la verve de Sedaine et le talent d’André Grétry dans son écriture orchestrale et vocale pleine de couleurs, d’expressions et d’inventivité qui mêle du début à la fin finesse, élégance et gravité.
L’interprétation est souvent magnifique sous la direction experte et intelligible de Martin Wåhlberg avec une mention spéciale pour l’Orkester Nord, François Rougier (Vergy), Manuel Nuñez Camelino (Osman) et Mathieu Lécroart (Raoul), on regrettera seulement que Chantal Santon-Jeffery soit un ton en dessous en en faisant beaucoup et pas toujours bien.
Un printemps décidément capricieux mais quelques jours de beau temps avant un nouveau déluge. Ici c'est un déluge de musique, spectacles ou livres qui nous attend.
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