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Interview  (Paris)  25 juillet 2005

Nous avons découvert Hélène Majera, peintre, lors de son exposition "Dead zones" à La Galerie en avril 2005.

Grande, mince, brune, toujours de noir vêtue, le cheveu et l'oeil noir, la peau blanche et les lèvres rouges, elle est flamboyante. La voix rauque et la main virevoltante tenant souvent une cigarette subjuguent. Ses toiles noires, rouges, grises fascinent.

Elle nous a fort gentiment reçu dans son atelier pour évoquer sa carrière et ses projets.

Quand, comment et pourquoi êtes-vous venue à la peinture ?

Hélène Majera : Je suis venue à la peinture par le dessin et notamment l'illustration publicitaire qui marchait fort bien. Pour avoir davantage de liberté dans mon travail et parce que je pensais avoir des choses à dire, je suis passée à la peinture.

L'illustration répondait déjà à une démarche artistique ?

Hélène Majera : Oui, depuis toujours je dessinais. J'ai suivi un enseignement d'arts graphiques dans un lycée technique et puis je me suis lancée en free-lance dans le monde du travail, d'abord dans le dessin de mode puis l'illustration publicitaire dans lequel je réussissais plutôt pas mal. (Ndlr : Hélène Majera a reçu 4 prix*). L'art de l'époque se tournait vers les pochettes de disques, la couverture des livres et bien sûr l'affiche. Le format des affiches 4 mètres par 3, qui est un format assez pictural me passionnait.

Au fil du temps, la destination de l'illustration qui était un support essentiellement commercial m'a gêné. Outre le savoir-faire, il y a des choses singulières que l'on essaie de faire passer, or, cela devenait de plus en plus difficile. Je me suis donc mise à la peinture à l'huile et à une expression totalement personnelle.

J'ai trouvé beaucoup d'écrits sur votre fameuse série des Cent noirs. Y a-t-il eu autre chose avant et cette période a-t-elle une signification en termes chronologiques ou personnel ?

Hélène Majera : Les Cent noirs ont correspondu à une vraie rupture au niveau de ma peinture. Avant, j'avais commencé par des toiles de grande taille mais dont les sujets découlaient de mon savoir-faire tels que des personnages féminins.

Vous ne citez guère cette époque. S'agit-il d'un reniement ?

Hélène Majera : Contrairement à ce que l'on pourrait croire ce n'est pas un travail sur le sombre, c'est un travail sur la lumière. Ensuite , je me suis essayé à d'autres couleurs. Le blanc ne m'intéressant pas, je suis partie sur une série sur le rouge. Toujours suivant la même technique de superposition de couches, car au bout du compte c'est d'abord un travail sur la temporalité spécifique de la peinture à l'huile.

Et cette temporalité est anachronique car cela demande du temps autant pour la regarder que pour qu'elle se développe. Mais cela me paraît fondamental. Je ne suis pas revenue au noir car je pense que je suis parvenue là à quelque chose, qui pour moi, est indépassable pour le moment.

Ce travail est une recherche sur la couleur, sur la matière, sur la lumière, sur le sens ?

Hélène Majera : Ce n'est pas un travail sur le sombre, c'est un travail sur la lumière mais aussi sur la couleur. Ensuite, je me suis essayé à d'autres couleurs. Le blanc ne m'intéressant pas, je suis partie sur une série sur le rouge. Toujours suivant la même technique de superposition de couches. C'est aussi un travail sur la temporalité de la peinture à l'huile.

Pourquoi la série ?

Hélène Majera : Parce que je fonctionne ainsi. Cela permet de voir jusqu'où on peut aller et en apprécier l'intérêt qui au départ n'est pas connu même de moi.

Les Cent noirs vous ont apporté une grande satisfaction et reconnaissance. Avez-vous connu le même succès avec les rouges ?

Hélène Majera : Un petit peu moins. Parce que finalement le changement de couleur a, en quelque sorte, un peu dérouté le public. Mais je ne peux pas m'enfermer dans une ligne directrice permanente. J'ai besoin de prendre des chemins de traverse peut-être d'ailleurs pour revenir plus tard à mon point de départ. Le fil rouge reste le questionnement de la temporalité.

Votre dernière exposition en date "Dead zones" (Ndlr : exposition à La galerie du 6 au 17 avril 2005) présentait un travail un peu différent dans la mesure où la couleur était le gris et où elle regroupait des toiles peintes à partir de photographies sur un thème précis.

Hélène Majera : Je suis revenue d'une certaine manière à la représentation sans que cela me pose problème car la peinture, peinture abstraite comprise, représente toujours quelque chose. La peinture est un des arts les plus anciens que l'on a souvent déclarée morte mais qui, tel un phénix renaît toujours de ses cendres et a gagné depuis toutes les libertés.

Les gris, qui ne sont faits qu'avec du noir et du blanc sortis des tubes représentent une contradiction apparente pour faire de la peinture un simple moyen de reproduction de ce qu'est l'image d'aujourd'hui, c'est-à-dire la photo.

Le thème, la guerre, les atrocités, n'est pas particulièrement festif. Pourquoi ce choix ?

Hélène Majera : Le parti pris de départ était de faire avec la peinture un travail sur l'image et surtout sur les images du flux continu médiatique, sans sortir de l'atelier et en utilisant Internet. Or ce travail a été réalisé entre 2002 et 2004 pendant les guerres en Irak et en Afghanistan. Les photos d'actualité viennent pour la plupart du net que j'ai toutes transposées sur un format identique et panoramique .

Le projet sous-jacent, même s'il n'était pas totalement abouti dès 2002, était de dresser un tableau du monde fait d'une série de tableaux dans une mise en perspective d'images d'actualité avec des images plus anciennes. La nécessaire distanciation de la peinture donne alors un autre sens à ce qui fut, avant, de la photo. Techniquement, il s'agit toujours de peinture classique bien que contemporaine et je reste fidèle au monochrome.

Vous êtes signataire de l'appel "Refusons la guerre" contre la guerre en Irak et votre exposition Dead zones s'inscrit dans ce schéma. Il s'agit donc d'un engagement politique ?

Hélène Majera : Oui. J'ai une conscience politique. Je ne suis pas une militante hyperactive et j'ai voulu le faire passer de manière explicite dans ma peinture. Même si cela existait déjà car le choix du noir et du rouge ne relève pas du hasard. De plus, il me paraissait intéressant de confronter la peinture à l'histoire avec un grand H : peut-on encore faire une peinture historique ? Quel intérêt cela peut-il avoir ? C'est un questionnement de plus pour moi.

Quels sont vos projets ?

Hélène Majera : Le sujet de ma peinture est la peinture elle-même. Je questionne la peinture que je ne conçois pas comme un objet décoratif mais comme un travail de réflexion sur la signification intrinsèque de la peinture.

Quelle est la finalité de la peinture en tant qu'art aujourd'hui au delà de la contemplation ? Pour moi, la peinture est un espace de réflexion, un objet métaphysique. Donc je réfléchis sur ce que sont ou seraient les nouvelles perspectives pour la peinture.

Y a-t-il une visibilité pour ce projet en termes d'exposition ?

Hélène Majera : Non parce que je ne sais pas quand il va aboutir. De plus, à Paris, il est très difficile de pouvoir montrer votre travail. Je me suis donc orientée vers la construction d'un site sur Internet.

Quel est le plus beau compliment ou la plus belle analyse ou compréhension qu'on est fait sur vos toiles ?

Hélène Majera : Le texte "Egal zéro" du philosophe Jean Lauxerois sur les peintures noires et un texte de Dominique Sigaud sur les rouges qui constitue le premier chapitre de son roman "De chape et de plomb". Il y a également eu une thèse de maîtrise sur le noir intitulée "L'érèbe éclairé - les usages et états de la couleur noire" dont une partie s'intitulait "Regard sur deux peintres actuels : Pierre Soulages - Hélène Majera". Sans oublier la pertinence d'Isabelle Yaouanc dans sa critique de l'exposition 2000 "rouges".

Quels sont les peintres qui vous ont influencés, inspirés ou simplement que vous aimez ?

Hélène Majera : Les expressionnistes abstraits, que j'aime beaucoup, fondent finalement deux directions essentielles : Rothko et Ad Reinhardt qui a peint des toiles noires jusqu'à la fin de ses jours. Ils vont tous vers une abstraction très minimaliste. C'est une question de famille d'esprit et donc de configuration du cerveau.

Allez-vous voir les expositions des autres peintres ?

Hélène Majera : Oui mais pas assez faute de temps. Je pense de plus, que dès que l'on pratique une forme d'expression artistique la moindre des choses est de s'intéresser à l'histoire de cet art et de voir ce que les autres contemporains font.

Lors de votre dernière exposition vous aviez évoqué de projets liés à l'image.

Hélène Majera : Oui, je travaille sur un projet de film d'animation à partir d'une toile et cette idée m'est venue à la suite de la réalisation du montage d'images diffusée lors de l'exposition "Dead zones".

Ce travail s'inscrit toujours dans la recherche de nouvelles perspectives pour la peinture en la confrontant aux nouvelles technologies. Car, en peinture, comme pour toutes les formes anciennes d'expression artistique, on a bien l'impression que tout a déjà été fait. La question est toujours : " Que faire ? Comment le faire ? ".

*Grand prix de l'affiche française 1977 et 1984
Grand prix de l'affiche Art Director Club of tokyo 1978
Prix d'honneur de l'affiche Japan Railways 1983

 

"Le noir d' Hélène Majera se tend comme une peau, chrôma solide comme un mur et fragile comme une soie." Jean Lauxerois

"… des monochromes rouges et noirs de plusieurs mètres d haut peint comme autant d'énormes miroirs plantés là pour que chacun ne puisse plus rien voir d'autre que son rouge et son noir, la part gonflée de sang et d'obscurité comble, rongée de peur et d'effroyables désirs, effroyablement comprimés que tous nous contenions tous…" Dominique Sigaud

A lire aussi sur Froggy's Delight :

La chronique de l'exposition "Dead zones"

En savoir plus :

Le site d'Hélène Majera

Crédits photos : Thomy Keat


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# 24 mars 2024 : Enfin le printemps !

Le printemps, les giboulées de mars, les balades au soleil ... la vie presque parfaite s'il n'y avait pas tant de méchants qui font la guerre. Pour se détendre, cultivons nous !. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.

Du côté de la musique:

"Dans ta direction" de Camille Benatre
"Elevator angels" de CocoRosie
"Belluaires" de Ecr.Linf
"Queenside Castle" de Iamverydumb
"Five to the floor" de Jean Marc Millière / Sonic Winter
"Invincible shield" de Judas Priest
"All is dust" de Karkara
"Jeu" de Louise Jallu
"Berg, Brahms, Schumann, Poulenc" de Michel Portal & Michel Dalberto
quelques clips avec Bad Juice, Watertank, Intrusive Thoughts, The Darts, Mélys

et toujours :
"Almost dead" de Chester Remington
"Nairi" de Claude Tchamitchian Trio
"Dragging bodies to the fall" de Junon
"Atmosphérique" de Les Diggers
quelques clips avec Nicolas Jules, Ravage Club, Nouriture, Les Tambours du Bronx, Heeka
"Motan" de Tangomotan
"Sekoya" de Tara
"Rita Graham partie 3, Notoriété", 24eme épisode de notre podcast Le Morceau Caché

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"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
"Music hall Colette" au Théâtre Tristan Bernard
"Pauline & Carton" au Théâtre La Scala
"Rebota rebota y en tu cara explota" au Théâtre de la Bastille

"Une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche

et toujours :
"Lichen" au Théâtre de Belleville
"Cavalières" au Théâtre de la Colline
"Painkiller" au Théâtre de la Colline
"Les bonnes" au théâtre 14

Du cinéma avec :

"L'innondation" de Igor Miniaev
"Laissez-moi" de Maxime Rappaz
"Le jeu de la Reine" de Karim Ainouz

"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle

"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
et toujours :
 "Universal Theory" de Timm Kroger
"Elaha" de Milena Aboyan

Lecture avec :

"Au nord de la frontière" de R.J. Ellory
"Anna 0" de Matthew Blake
"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

et toujours :
"L'été d'avant" de Lisa Gardner
"Mirror bay" de Catriona Ward
"Le masque de Dimitrios" de Eric Ambler
"La vie précieuse" de Yrsa Daley-Ward
"Le bureau des prémonitions" de Sam Knight
"Histoire politique de l'antisémitsme en France" Sous la direction d'Alexandre Bande, Pierre-Jerome Biscarat et Rudy Reichstadt
"Disparue à cette adresse" de Linwood Barclay
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Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
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