Tragi-comédiede Nicole Genovese, mise en scène de Claude Vanessa, avec André Antébi, Sébastien Chassagne, Nicole Genovese, Nathalie Pagnac, Bruno Roubicek et Adrienne Winling. Après "
Théâtre de boulevard" et "
Ciel ! mon placard !", qui, en solo ou en troupe, procédait au dynamitage du théâtre de boulevard, la comédienne, auteure et metteuse en scène, Nicole Génovèse s'est inspirée d'un autre genre de la culture populaire, celui des séries télévisées, et celle intitulée "Plus belle la vie", pour procéder à celui de la plus petite des cellules oppressives, celle de la famille.
Intitulé "hélas", l'opus, qu'elle définit comme élaboré sur le mode de la "dramaturgie de l’émancipation", opère selon la structure de la musique répétitive, à savoir la déclinaison en boucle de la même scène avec d'infimes variations, celle conventionnelle du dîner en famille entre "Père et Mère, souverains autour d’une nappe, et de Fils et Fille, principaux candidats à l’insurrection" dont l'équilibre tyrannique est perturbé par un oncle pratiquant l'art brut et une adjointe à la culture.
Dans cette famille, il y a le père mécanicien (André Antébi), la mère au foyer (Nathalie Pagnac) qui résoud tout conflit intrafamilial par l'antienne "Allez, zou! Tout le monde à table", le fils qui a des phobies alimentaires (Sébastien Chassagne), la fille patineuse (Adrienne Winling) et un oncle peintre amateur (Bruno Roubicek).
Tout brinquebale pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles jusqu'à l'irruption intempestive d'une charmante dame en charge d'événements culturels locaux procédant à un interminable discours de remerciements à la manière de ceux des lauréats de récompenses artistiques. Nicole Génovèse campe ce grain de sable qui va impacter leur modus vivendi en déréglant la machine jusqu'à un absurde emballement ionescien qui conduit, peut-être, à l'implosion et, sûrement, à un inattendu dénouement nonobstant sa forme convenue.
Pour cette partition glassienne reposant tant sur l'incohérence de la parole que sur un comique de situation qui, toutefois, tend à s'essouffler sur la longueur, inscrite dans un décor de carton pâte sans intérêt autre que celui d'offrir des cimaises pour l'accrochage des oeuvres du tonton, le quintet réalise une belle prouesse sans s'emmêler les pinceaux.
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