Pour cette rentrée littéraire aux éditions de l’Olivier, ne connaissant pas les auteurs qui étaient publiés, j’ai fait le choix de m’attarder sur certains ouvrages seulement à partir de leur couverture. Et c’est celle du livre de Gary Shteyngart qui m’a le plus attiré. Je ne sais pas comment l’expliquer, j’ai juste eu l’envie de me plonger dans cet ouvrage de cet auteur inconnu pour moi en voyant un bus traverser des grands paysages.
Et en me renseignant, je me suis rendu compte que Gary Shteyngart avait déjà publié de nombreux ouvrages aux éditions de l’Olivier. Né en 1972 à Saint-Petersbourg, il est arrivé aux Etats-Unis six ans plus tard et aujourd’hui écrivain, il écrit des ouvrages recommandés par Richard Ford ! Choix innocent donc, découverte d’un auteur plein de talent et réel plaisir de lecture pour ce Lake Success qui a en plus le mérite d’être très drôle.
Lake Success nous raconte l’histoire d’un certain Barry Cohen, âgé de 43 ans, New-Yorkais survolté à la tête d’un fonds de pension spéculatif de 2,4 milliards de dollars. Barry est au bord du précipice. Sous le coup d’une enquête de la commission boursière, accablé par la découverte de l’autisme de son jeune fils, il prend une décision aussi subite qu’inattendue et embarque dans un car Greyhound.
Barry file vers le Nouveau-Mexique où demeure celle qui fut jadis son premier amour, et avec qui il imagine pouvoir refaire sa vie. Une vie plus simple, plus saine, plus heureuse. Commence alors une folle traversée du continent nord-américain. D’est en ouest, de highways en freeways, Barry va découvrir une autre Amérique : celle des pauvres, des marginaux, des déclassés. Pendant que sa femme entame une liaison avec un romancier, Barry fonce vers une improbable rédemption.
L’histoire de cet homme ultra riche, qui semble tout avoir pour être heureux, qui possède un immense appartement à New-york, une femme et un enfant va basculer au cours d’une nuit. On est en 2016, dans une Amérique persuadée qu’Hillary Clinton sera présidente sans imaginer une seconde que Trump puisse l’en empêcher. Un soir, un dîner trop arrosé, une dispute avec sa femme et la nounou de son fils qui se termine en bagarre, un déclic et Barry décide de tout plaquer pour partir. C’est là qu’on le retrouve au début du livre, dans une gare routière, ivre, à chercher un guichet pour pouvoir s’acheter un ticket de bus.
Une deuxième vie s’offre à lui, faite de rencontres originales et multiples tout au long de son périple en bus qui le mène vers celle à qui il pense encore. Abandonnant son portable et ses cartes de crédit, il a fait le choix de prendre une compagnie de bus utilisée par les pauvres.
L’Amérique qu’il traverse et qu’il découvre est très loin de celle qu’il connaissait à New-York. Il va nous en dresser un portrait acerbe, réaliste et cruel au travers d’un récit bourré d’humour (le livre est parfois très drôle) qui ne manque pas de sincérité. Il va rencontrer tout un tas de personnages hauts en couleur qui donneront souvent de savoureux dialogues dans le livre.
Avec cet ouvrage l’auteur russe n’hésite pas à dézinguer le monde de la finance et Donald Trump, il nous dévoile avec talent la face cachée de l’Amérique. En parallèle, on suit l’évolution de la femme de Barry et la campagne de Trump qui se voit au fil des sondages être crédité d’intention de vote en hausse.
Sans se départir de son humour loufoque, l’auteure russe dresse le portrait d’une Amérique déboussolée, à la veille de l’élection de Trump, et nous entraîne dans un road-trip qui tient plus des montagnes russes que du voyage d’agrément. Il nous montre aussi qu’il connaît parfaitement le pays qui l’a adopté et sa société.
L’ouvrage va être adapté sous la forme d’une série diffusée par HBO en 2020. Elle devrait, je suppose, connaître un joli succès, tout comme le livre, je l’espère, qui le mérite vraiment. |