Cabaret musical d'après les chansons de Giorgio Gaber et Sandro Luporini, adaptation et mise en scène de Stéphane Miglierina, avec Mattia Pastore et Benoit Valliccioni. Avec "Faire semblant d’être normaux", Stéphane Miglierina, qui signe l’adaptation et la mise en scène du spectacle, ainsi que Benoît Valliccioni et Mattia Pastore les interprètes, font renaître un genre un peu tombé aux oubliettes qu’est le "teatro-canzone" - ou théâtre-chanson en français - et dont Giorgio Gaber (le musicien) et Sandro Lupporini (le parolier) furent les pionniers dans les années 60 en Italie. Ni récital, ni cabaret, le "teatro-canzone" se vit plutôt comme un dialogue entre le texte et la musique, entre onirisme et satire de nos travers humains, mais toujours avec humour. Sur scène ils sont donc deux, Benoît Valliccioni magnétique, enjôleur, au talent insolent avec sa voix puissante et son regard pétillant, et Mattia Pastore le charme à l’italienne incarné et dont les mains agiles nous envoutent derrière son piano. A eux deux ils donnent vie à 14 des textes de Giorgio Gaber et Sandro Luporini traduits pour la première fois (par leur soin) en français. Avec fantaisie, tendresse, poésie et beaucoup de drôlerie ils nous racontent, au travers de ces 14 saynètes, des tranches de vie de monsieur tout le monde. La musique, personnage à part entière, y a sa propre voix, affirmant, interrompant, imposant parfois son tempo pour s’effacer subtilement quelques instants plus tard, quand la parole se fait trop forte ou vindicative dans un ballet savamment orchestré et surtout magnifiquement interprété et dirigés. Qu’elles soient absurdes (comme dans "Où l’ai-je mis ?) cocasses ("Le poil" ou encore "Le masturbation"), provocateurs ("Les enfants G", "Qui sait ? chez les socialistes…»), révoltés ("Faire semblant d’être normaux") satiriques ("Le Philosophe overground"), engagés ("L’anarchiste", "Et l’Eglise se renouvelle") ou poétiques ("Les inutiles"), les élucubrations de ces deux acolytes se répondent avec une agilité jouissive, entraînant le spectateur vers une destination finale indéterminée. Peu importe car il suffit de profiter de ce spectacle comme d’une boîte de gourmandises, chacune différente et savoureuse à sa manière, se laisser envelopper par la musique et goûter les paroles toujours bien senties de nos poètes italiens que nos deux artistes font revivre avec dynamisme et brio. |