Les circonstances du début du concert étant ce qu’elles furent (sic), je n’ai pas vu arriver ce petit bout de femme en marinière, en revanche, j’ai senti le souffle de son karma explosif, hautement inflammable. Un homme et une femme trop chabadabadaboum, The Jackson Pollock.
D’une excentrique batterie aux percussions diaboliques, la miss extrait des sons bruts auxquels elle marie un chant animal fait de cris et de flammes vocales, sorte de combustible solaire, machine à voler le lobe frontal pour transfigurer le public en une bande d’indomptés embrasant leur étincelle dans les céréales.
Sans fioriture et franc comme un direct en pleine face, Emily chante et battle la batterie comme un octopus désarticulé aux membres désynchronisés. Face à elle, Reginald, sa basse et sa tignasse sauvage. Ensemble, ils s’éclatent, jouent et partagent ce qu’ils aiment : une musique badass et friendly. Juste pour s’éclater, hommage et gloire au dripping mi-dégueu mi-chef d’œuvre du gars qui peignait ses toiles comme on saigne du nez, en balançant de la couleur sur des étendues blafardes.
Un son garage sans étagère, un esprit punk qui se fiche un peu du trait d’union, agité et énergique, ce truc innommable qui te sort le palpitant par les tympans et les ouïes par les narines. The Jackson Pollock.
Ambiance enthousiaste et animée pour accueillir Frustration. Danger, colère, émotions à valeur ajoutée négative, prenez le tout et bombardez les alentours, ainsi le bore-out sera légende urbaine et le wheeling un entrechat tout à fait gracieux.
Vindicatifs et passionnés, ces cinq trublions de la wave et du punk envoient des riffs comme on envoûte une gazelle dopée au jus de mogwai nourri après minuit. Certes, ce n’est pas évident, mais pas impossible non plus. Entre vagues électro et sonorités industrielles, Frustration envoie des morceaux fougueux, parfois angoissants, souvent efficaces, jamais tyranniques. C’est rapide, entraînant et propice à l’assèchement buccal.
Exutoire et réponse idéale à l’opposition, le moment est survolté et vitaminé. Ils ont le feu, c’est certain, la flamme du rock et du fuck qu’on assaisonne à grand coups d’impatiences et de cavalcades endiablées. Sans violence mais avec un peu de haine politique tout de même, Frustration a son public aux étoiles plein les yeux et avide d’échappatoires viriles. Je vous assure qu’ils ont tous huit ans et demi à la dernière note.
Des accents 90 et un charisme de premier né, le groupe évolue dans les tempêtes et les retours de briscards de la musique, ils décomplexifient les ménagères et délient les entraves du quotidien. Au diable les injonctions et les bonnes mœurs, avec ses rythmes erratiques et ses guitares psychédélico-sataniques, la soirée se termine comme elle a commencé, avec de polis bandits énervés trouvant palpitations dans musique échevelée.
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