La Maroquinerie accueille ce soir un groupe dont vous allez forcément entendre parler en 2006 : Broken Social Scene.
A l'instar de la révélation de 2005, leurs amis de The Arcade Fire, les BSS viennent du Canada et on espère vivement que ce collectif glanera les récompenses en 2006 et trustera les charts de fin d'année prochaine.
Cela serait amplement mérité, car l'Europe prend son temps pour apprécier la musique de ces francs-tireurs de la pop canadienne. Leur précédent album You Forgot It In People, reste un des grands disques rock indé oubliés de ce début de siècle (du moins de ce côté de l'Atlantique.)
Et puis les concerts du groupe restent encore trop rares en France : je me souviens de la Route du Rock 2003, d'un passage à la Maroquinerie en juin 2004 et puis c'est à peu près tout…
A chaque prestation française du groupe, une nouvelle mouture de Broken Social Scene apparaît.
BSS est une grande auberge espagnole musicale, où l'on peut croiser Feist (présente ce soir), James Shaw de Metric, Jason Collett (le Ryan Adams canadien), des membres de Do Make Say Think et toute une troupe de musiciens proches de la nouvelle scène de Toronto.
Une vraie dream team musicale dont la colonne vertébrale est assurée par le chanteur/guitariste Kevin Drew et le bassiste parfois chanteur Brendan Canning…
Ce soir le groupe est assurément en forme…
Bizarre car Brendan Canning me confiait avant le concert : "T'as pas de chance, à chaque fois que je viens à Paris, je suis toujours fatigué et pas en forme."
Le groupe est effectivement à la fin d'une tournée marathon, et visiblement, la trêve hivernale sera la bienvenue… Après le concert, je suis retourné voir Brendan pour lui faire remarquer qu'il avait une sacrée pêche pour quelqu'un de prétendument fatigué.
Pendant presque deux heures, le groupe en a profité pour présenter les morceaux de son nouvel incroyable album qui sortira enfin via un circuit de distribution digne de ce nom en janvier sur nos terres gauloises (chez City Slang.)
Sur "Shoreline", Feist rejoint Kevin Drew au chant, et la Maroquinerie s'emballe.
Un des grands morceaux du prochain album, dont les Broken ont le secret : un air fédérateur, un crescendo qui vient taquiner les guitares épiques de Do Make Say Think et un final noyé sous une nuée des cuivres chaleureux… Le tout avec dix personnes sur scène…
Les Canadiens puiseront également dans leur album précédent, avec des versions incroyables de "KC Accidental", "Cause = Time" ou encore le classique "Almost Crimes", sur lequel Feist viendra une fois de plus se déchaîner…
Une chose est sûre, Broken maîtrise son sujet.
Les anciens morceaux ont gagné en assurance et puissance, grâce à la maestria impressionnante de Justin Peroff à la batterie, et surtout au nombre impressionnant de guitares (cinq sur certains morceaux.)
Certes sur le papier, ce genre d'équation peut paraître un peu bancal.
On pourrait aisément penser qu'autant de monde sur scène génère surtout un immense capharnaüm sonore.
On obtient surtout un joli bordel sonore organisé, où les guitares défroquées de Sonic Youth, Dinosaur Jr flirtent avec la pop céleste des Flaming Lips…
Le groupe revient pour une mini tournée en février, et pour le moment, ils ne sont programmés qu'à Lille…
Avis aux tourneurs ou propriétaires de salles de concerts parisiennes… |