Roc Espinet a le trait vif et les expressions brutes dans ce roman graphique directement inspiré des peurs enfouies des médiévaux que nous fûmes : Fille et loup. Noirs et blancs, sang et sauvagerie sont de mise pour suivre au plus près le voyage initiatique de Paula, de son quotidien désenchanté à la résilience de ses traumatismes.
Paula a autrefois été recueillie par ce suppôt de Ténardier. Depuis, elle travaille pour lui dans une taverne crasseuse, à remplir des pichets de bières et des auges de purée. Et forcément, elle aspire à autre chose. Elle a surtout l’intime conviction de ne pas être à sa place. Son rêve entre tous est d’avoir une taverne à son nom, rutilante et colorée. Forcément.
C’est alors que son misogyne et détestable patron décide de couper par les bois interdits pour récupérer une cargaison de vin qui fera sa fortune. Bah oui mais non. S’ils sont interdits, ce n’est pas pour faire joli. Une meute de loups ancestrale y a élu résidence depuis des temps immémoriaux, et celui qui ose s’y aventurer s’y fait croquer en moins de deux.
Et il ne pourra pas dire qu’on ne l’avait pas prévenu, mais l’associé de fait croqué, le tavernier prend la fuite et Paula est éjectée de la charrette. Elle se retrouve seule au milieu d’une forêt hostile. Et voilà qu’un gros loup se pointe, les crocs acérés et les babines retroussées. Mais tiens, tiens… Elle comprend ce que dit le loup. Et c’est réciproque.
Pendant que le maire attise la haine des villageois et qu’un mystérieux chasseur de loups, Adrian, fait campagne pour l’extermination des loups, Paula fait connaissance avec Loup Gris et le reste de la meute. Mais qui est cet Adrian ? Que veut-il vraiment ? Quel est ce traumatisme enfoui que Paula doit déterrer pour enfin comprendre ce qui fait l’essence de cette improbable promiscuité avec les loups ?
Une lecture à bout de souffle, entre occulte et sauvagerie, de l’immonde bêtise humaine à l’émouvant attachement animal.
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