La Belgique possède une grande tradition violonistique. Rattachée au mouvement français, elle figure l’école franco-belge de Violon. L’école franco-belge, par opposition à celle plus dans l’engagement, dans une production réellement physique du son de l’école Russo-Allemande offre une palette de couleurs et de nuances très variées. A partir de la révolution et de l’indépendance de la Belgique en 1830 va apparaître et se succéder une prodigieuse génération de grands musiciens comme Henri Vieuxtemps, Lambert Massart, Alfred Dubois, Arthur Grumiaux et naturellement Eugène Ysaÿe...
C’est à cette école, aux rapports transversaux entre les deux pays que ce disque rend un très bel hommage avec notamment la sonate pour violon de Vincent D’Indy, Après la tourmente d’Ermend Bonnal et deux premiers enregistrements mondiaux : la sonate pour violon et piano d’Albert Dupuis et un andante de jeunesse de Vincent D’Indy.
On peut se demander pourquoi la belle sonate de Dupuis n’a jamais été enregistrée auparavant... Albert Dupuis (1er mars 1877 à Verviers - 19 septembre 1967 à Bruxelles) poursuit ses études à la Scola Cantorum où il apprendra une écriture post-franckiste, caractéristique des élèves de Vincent d'Indy. Il dirigea de 1908 à 1947 le conservatoire de Verviers. Verviers, ville au rayonnement artistique important ! Réputée surtout pour ses opéras où l’on notera une forte influence de Massenet, on occulte trop souvent sa musique de chambre. Chez lui les couleurs, le style sont impressionnistes, dans le même esprit que Gabriel Fauré, avec un certain lyrisme et un goût prononcé pour la mélodie. Un style que l’on retrouve dans sa sonate pour violon publiée en 1922 et jouée avec beaucoup d’esprit et un véritable sens musical par la violoniste Gaëtane Prouvost et la pianiste Éliane Reyes. Un sens musical que l’on retrouve dans la sonate de Vincent D’Indy.
Né dans un milieu aristocrate, ce comte ardéchois est resté attaché à un conservatisme politique et musical opposé à un modernisme représenté par Ravel ou Debussy.
Grand pédagogue, il cofonde en 1894 la Schola Cantorum, école supérieure d’enseignement musical à la réputation et aux ramifications internationales. Il devient également président de la Société Nationale de Musique. Des fonctions qui montrent son importance sur la vie musicale jusqu’à la Première Guerre mondiale.
Sa sonate composée en 1903 est créée à Paris deux ans plus tard par lui-même au piano et par le violoniste Armand Parent. Souvent comparée à celle de Franck, pour la puissance mélodique et l’utilisation cyclique des thèmes générateurs, elle n’en possède pas toute la virtuosité d’écriture. Néanmoins, elle est loin d’être anecdotique avec sa grâce, sa subtilité, ses grandes lignes mélodiques, un principe de cycle orienté comme chez Franck vers une logique psychologique de mémoire et d'association.
On retrouve en plus Après la tourmente d’Ermend Bonnal, romance dédiée à la Reine Elizabeth de Belgique séduisante avec ces petits côtés rappelant Fauré ou Charles Tournemire.
Gaëtane Prouvost et Éliane Reyes forment un beau duo, tout en raffinement, sagacité et sophistication transposant tout l’esprit de cette musique... A découvrir assurément.
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