"Death has come around my mind so often in a sleep
We're dreaming 'bout a winter you won't see
And despite the lies that tie a man, you held your head so high
You're often on my, always on my mind"

Other Lives n’est pas un groupe très productif. Jesse Tabish est extrêmement exigeant et méticuleux. Sa musique est assez rare, avec un disque tous les quatre-cinq ans, et comme tout ce qui est rare, elle est précieuse.

Au début des années 2000, Other Lives n’est pas encore Other Lives. Le groupe s’appelle Kunek et joue une musique instrumentale. Cela s’entend maintenant dans la façon de composer, de travailler les arrangements. Dix ans plus tard, Jesse Tabish vient ajouter sa voix et Kunek deviendra Other Lives.

En 2011, le groupe sort le sublime Tamer Animals où se rejoignent superbes arrangements, classicisme, folk, écriture soignée, voix caverneuse… Un chef-d’œuvre qui avait suscité en nous un enthousiasme que Rituals, sorti en 2015, avait quelque peu douché. Entre épure, passages électroniques, experimentations et pop orchestrale pas toujours forcément réussie, le disque, sans être non plus complètement raté, manquait d’une certaine ampleur et d’humanité pour nous enflammer totalement.

Ce For Their Love renoue avec le magnifique. Raffinement, élégance et lyrisme sont au rendez-vous de ce disque. Les Américains donnent encore plus de corps à leur pop atmosphérique sophistiquée, plus humaine, moins cérébrale, moins aérienne, plus terrienne mais pas moins belle. La terre, c’est celle des grands espaces en version cinémascope. C’est l’évasion, le western, pas spaghetti mais les ombres d’Ennio Morricone et de Lee Hazlewood planent très largement sur ce disque.

Raffinement, élégance et lyrisme donc dans les compositions comme dans les arrangements luxuriants où les cordes et les chœurs se taillent la part du lion. Du volume, de grandes mélodies mais le groupe crée avec l’auditeur une véritable intimité.

Une musique ambitieuse (l’écriture est plus complexe que le format pop habituel) mais pas prétentieuse, et ce n’est pas quelques réserves (quelques facilités et poncifs mélodiques) qui nous empêcheront d’aimer ce disque à sa juste valeur. Et il en a beaucoup.