Lors du concert Les Rockeurs ont du cœur à Rennes, le public de la salle Le Liberté a pu apprécier la belle prestation du groupe breton Dahlia, qui jouait pour l'occasion dans son jardin.
Le trio musical mariant guitare, batterie et violoncelle a livré un répertoire fleuri mêlant pop-rock anglaise et folk française. Sur scène, entre la fièvre rock d'un Déportivo et le chant mélancolique d'un Louise Attaque, Guillaume, Armel et Yves-André ont sorti "Le grand jeu", titre de leur dernier album, un disque envoûtant aux arrangements maîtrisés et aux refrains accrocheurs.
Rencontrés sur les bancs de Sciences-Po Rennes à la fin des années 90, Guillaume Fresneau et Armel Talarmain décident de fonder leur groupe en 1999. Le duo effectue alors ses premiers pas sur la scène rennaise et se place ainsi sur orbite afin de donner plusieurs concerts notamment en première partie de Tarmac en 2001.
Pendant l'enregistrement du premier album éponyme à l'automne 2002, les Dahlia font la rencontre du batteur Yves-André Lefeuvre, ex-musicien de Miossec, qui a rejoint depuis le binôme pour former un trio plus équilibré. "Le duo a fonctionné très vite mais il a fallu franchir les étapes une par une", concèdent Armel, le violoncelliste, et Guillaume, le chanteur guitariste. "Nous avons mis énormément de temps à enregistrer le premier album. Nous avons eu la chance de rencontrer dès le départ des gens qui ont eu confiance en nous".
En 2005 le succès est au rendez-vous. Dahlia signe en effet avec la maison de disques Wagram et sort Le Grand Jeu, un nouvel album mélange de parfums pop-rock anglo-saxonne et de folk française. En mariant guitare, violoncelle et batterie, la formation se révèle assez atypique dans la sphère rock française.
"Au départ, le jeu à deux guitares ressemblait trop à ce que d'autres faisaient déjà. On a introduit alors le violoncelle", précise Armel. "Ajouter un instrument classique, cela nous a permis d'enrichir notre répertoire". Côté création, le deux leaders travaillent de concert sans rôles déterminés. Cependant, Guillaume insiste sur le fait que chacun possède évidemment ses prédispositions : "Armel, multi-instrumentiste, est plus porté vers les mélodies tandis que je suis plus attiré vers l'écriture mais au final, tout se mélange un peu."
L'auteur ne manque pas de souligner le soin particulier apporté au texte : "Une chanson a une durée qui varie de un à trois ans. Le texte doit posséder cette force d'évoquer des choses différentes pendant ces trois années de vie. Par exemple, Dylan pouvait écrire 20 pages sur un titre et ensuite le réduire à quelques phrases pour en garder l'essentiel…".
Entre poésie mélancolique et paroles engagées, les chansons de Dahlia évoquent un univers intimiste et une certaine rage de vivre comme les très bons singles "Contre-courant" et "Ma cécité". Cette sensation est renforcée par la voix gutturale de Guillaume qui possède quelques intonations rocailleuses proches de celles de Gaëtan Roussel, chanteur de Louise Attaque.
Certains titres comme "Braises" ou "Fragments" montre que le groupe ne délaisse pas ses côtés rock, plus présent dans le premier album. Les morceaux "Pistol" et "Coming" sont toujours la preuve que l'anglais reste une langue de prédilection pour cette formation nourrie à la brit-pop.
Le groupe ne cache pas non plus son goût pour la scène et quitte régulièrement sa terre bretonne pour se produire désormais un peu partout en France souvent avec d'autres amis musiciens comme les Déportivo.
Les deux compères de Dahlia parlent en connaisseurs quand ils évoquent ces ambiances live : "Sur scène, il faut capter les moindres sensations du public. Ce sont des indices qui permettent de faire évoluer les morceaux, à l'inverse du disque où ils restent figés".
Une chose est certaine, Dahlia, qui n'a pas fini d'évoluer et de cultiver son jardin musical, est promis à un bel avenir pour fleurir sur scène et dans nos discothèques.
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