"Quand une musique accepte de se laisser résumer par une formule définitive, elle envoie le signe qu’elle est morte. Ce qui est merveilleux avec les arts vivants comme le tango, c’est qu’ils nous compliquent encore et toujours la tâche de les définir !"

Cette phrase de Gustavo Beytelmann, compositeur, pianiste (il a joué notamment avec Astor Piazzolla, Juan José Mosalini, Duke Ellington, Tiempo Argentino, Gotan Project...) et figure majeure du tango argentin mise en exergue dans la pochette de ce disque exprime toute la modernité, la force, la beauté de la musique du Quinteto Respiro et notre envie de ne pas circonscrire cette musique pleine de vie et de nuances, fauviste presque à quelques qualificatifs esthétiques.

Avec ce disque, le quintette composé de Sébastien Innocenti (bandonéon), Emilie Aridon Kocio?ek (piano), Sabrina Condello (violon), Fabio Lo Curto (clarinette) et Dorian Marcel (contrebasse) tente de répondre à la question des "représentations actuelles donner aux matériaux anciens et hérités".

La réponse se trouve autant dans le répertoire abordé : les grands thèmes ici arrangés par Beytelmann que sont "La Cumparsita" de Gerardo Matos Rodriguez, "Don Juan" d’Ernesto Ponzio, "Organito de la Tarde" de José González Castillo ou encore "Taquito militar" de Mariano Mores et des œuvres contemporaines de Beytelmann : "Travesia", "Queridas memorias", "El Desaparecido" ou "Al Declinar el dia"... que dans la façon d’envisager d’une manière plus actuelle cette musique.

Une "recherche de singularité sonore" qui n’est pas vaine, qui trouve tout son sens ici, dans le sens des dynamiques, des phrasés, des mélodies et des timbres.

Pour terminer, une autre phrase tirée du texte du livret, qui symbolise cette superbe musique, et tout le bonheur qu’elle nous procure, une phrase de Leopoldo Marechal : "Le Tango est une possibilité infinie".