Une guitare virevolte dans un sous-bois désert, quand soudain un petit écureuil se faufile entre les pattes du promeneur. Il s’en fiche, c’est livraison de noisettes aujourd’hui, il est pressé. Et nous, béat devant cette apparition impromptue, on met beaucoup trop longtemps à réagir, à suivre cet écureuil pressé. Et quand on tombe dans son terrier, c’est pour se retrouver "sur la grande place parmi les vitrines des galeries d’art se tenait une devanture en verre translucide laissant apparaître ce qui semblait être des calculateurs" (Quelle folie !).
Bienvenue dans le monde d’Olivier Savaresse, poète de nos voyages intérieurs et troubadours de nos architectures oniriques. Un peu de jazz, un peu de chanson française, des voix volées çà et là, Acapas pousse les frontières de nos réalités limitées pour nous porter au-delà des injonctions culpabilisantes scandées par l’environnement blasé.
Seraient-ce ces cordes délicatement pincées, oscillantes notes se glissant jusqu’au tréfond de nos ouïes saturées ? Seraient-ce ces mots, délivrés comme on savoure le tiramisu, avec la lenteur d’un délice et l’intensité d’une gourmandise ? Seraient-ce ces percussions, sortes de rêvasseries orientales, le regard lointain et le velours au bout des doigts ?
Olivier Savaresse partage une vision du monde apaisé, Acapas est une invitation au voyage contemplatif, celui qu’on fait sans se presser, celui dont on ne sait rien de la destination, à part qu’elle sera chouette. Acapas aborde le réchauffement climatique, la misère et les deuils sans montrer du doigt, sans s’accaparer la mission de sauveur de l’humanité.
Il est de ces artistes qui invitent, qui racontent et qui convainquent avec empathie et bienveillance. Nulle bannière ni oripeau chez Monsieur Savaresse, un sourire et de la musique sans prétention, des fauteuils et quelques mots, pas besoin de grands discours quand les oreilles se délectent de la musique, entre ambiance sonore et épopée du crépuscule.
En toute intimité, confidences et crèmes brûlées font de cet album un véritable remède à la mélancolie, à faire chavirer les âmes dans un océan où le chant et les mots s’entremêlent.
Tout fout le camp en ce moment. En attendant des jours meilleurs, accrochons nous et noyons notre chagrin dans la culture !Cc'est parti pour le sommaire de la semaine en commençant par le replay de la 63eme Mare Aux Grenouilles.