Ce soir, Xavier Jaillard recevait André Gaillard qui constituait avec Teddy Vrignault le célèbre duo Les Frères Ennemis qui connut un grand succès avec humour absurde notamment à travers leurs sketches historiques et leurs duels verbaux.

André Gaillard, c'est le plus petit avec ses rouflaquettes généreuses qui continue de semer le rire avec ses calembours et ses aphorismes..

Xavier Jaillard : André Gaillard a usé les planches de tous les cabarets et de tous les music halls avec le duo Les frères ennemis dans lequel il a commencé sur la Rive Gauche.

André Gaillard : Oui, d'autant que je suis né dans ce quartier, rue de Vanves. J'ai longtemps cru que c'était le théâtre qui m'attirait et en fait c'est la scène. Rue de la Gaité, il y avait 3 music halls (le Casino Montparnasse, la Gaité et Bobino) et un seul théâtre. Ce qui m'a donné envie de faire du spectacle. Avant j'étais maquettiste publicitaire.

Et est intervenue une chose merveilleuse, le service militaire, pendant lequel j'ai rencontré un type merveilleux, Teddy Vrignault avec lequel j'ai monté un numéro. Il a quitté l'armée avant moi et nous nous sommes perdus de vue. Mais nous nous sommes retrouvés sur les Champs Elysées où il distribuait torse nu avec une plume des prospectus pour un western "Les Tuniques Rouges". Je lui demande ce qu'il faisait et il me répond qu'il suit des cours de théâtre. Je l'ai suivi.

Et nous avons montés des numéros avec Jarry, Jacob, Fourescq, "Le doigt de Dieu" et nous chantions des chansons 1900 dans lequel intervenait Robinson Cuisoé. D'ailleurs, les scripts s'ingéniaient à toujours corriger pendant qu'il s'agissait d'une faute de frappe.

Xavier Jaillard : Qui écrivait les sketches?

André Gaillard : Tous les deux. Nous étions parfaitement complémentaires. Nous avons cherché à créer deux personnages qui soient à la fois truculents et justes. C'était à tour de rôle. Nous enregistrions sur un magnéto. Après nous improvisions pendant 2 heures. Parfois nous riions beaucoup pendant 2 heures et après on faisait totalement autre chose.

Xavier Jaillard : Vous avez connu un très grand succès. Après vous vous êtes retrouvé seul. Que s'est-il passé?

André Gaillard : J'ai joué au théâtre comme dans "Lorsque l'enfant paraît".

Xavier Jaillard : Il y a eu également le cinéma.

André Gaillard : Oui, j'ai fait du cinéma grâce à Jean Yanne.

Xavier Jaillard : Et puis maintenant l'écriture et autre chose que des sketches.

André Gaillard : A la lecture d'un roman qui m'ennuyait, j'ai eu l'idée d'écrire un drame sous forme de nouvelle. Comme un copain en a beaucoup rit je me suis dit : "Tiens c'est très encourageant !" Bon, je n'en ai pas vendu des tonnes mais je ne savais pas qu'en France il y avait si peu d'attrait pour ce genre littéraire. L'éditeur m'avait dit qu'on ne savait pas comment m'étiqueter et m'a fait remarqué que je ne proposais que 7 nouvelles que j'avais réunies sous le titre "Une semaine charge". Je lui ai dit que je pouvais lui en proposer 12.

Xavier Jaillard : Tu vas bien nous lire quelque chose?

André Gaillard : Oui c'est un sketch que l'on faisait à 2 mais que je peux faire tout seul. C'est ça l'économie au théâtre !

Je vais vous parler d'un nouvel écrivain Hector Bugo avec un B comme Victor et un H comme dans Hugo qui se situe entre Voltaire et Rika Zaraï. Ce qu'est la pensée profonde au bain de siège. Et je vais vous dévoiler quelques unes de ces pensées qui sont parues chez Fleur de Nave car c'est un très grand penseur, le Tricostéril de la littérature. Ce que je vais vous lire est à faire frissonner le conduit auditif.

"Il vaut mieux échafauder des hypothèses qu'hypothéquer des échafaudages."

"Avec ma femme nous formons une belle équipe. Surtout moi!"

"Il s'est mis à l'alcool depuis le jour où on a refusé de lui servir une banane pressée."

"Un homme averti en vaut deux. Alors, en cas de danger, n'avertissez personne car cela doublerait le nombre des victimes

"L'huître préférée des notaires est la fine de claire"

"Elle passait le plus clair de son temps à mesurer la hauteur des vagues avec un maître nageur."

"J'ai connu une femme tellement frileuse qu'elle brûlait même les feux rouge."

"Il était tellement sale que même ses puces avaient des poux."

"Ce garçon était couvert de dettes. Même son air était emprunté."

"On ne peut pas ouvrir une porte avec u paillasson. C'est sans doute pourquoi on met une clé en dessous."

"Il a jeté son aspirateur le jour où il a su qu'il était né poussière."

"Si je mesurais 30 cm de plus, j'aurais une tête de plus que moi."

"J'ai une cousine qui se fait faire du bouche à bouche tous les jours depuis que son médecin lui a conseillé de changer d'air."

"Ce tennisman était tellement efféminé que même ses lob portaient des boucles d'oreilles."

"Il est toujours possible d'envisager l'impossible avec sérénité dans la mesure où il vous paraît impossible d'aller au-delà du possible."

"Sa femme était tellement maigre qu'il ne la sortait que le vendredi".

"Un égocentrique c'est toujours une faim de moi."

"Si on a jamais su pourquoi les vaches regardent passer les trains on sait par contre pourquoi les otaries regardent passer les bateaux : pour voir hisser le grand foc."

"Il rêvait d'une canadienne çà fermeture éclair. Il a épousé une canadienne à boutons."

"J'ai connu un pépiniériste tellement myope qu'il s'était spécialisé dans la culture des cyprès."