Spectacle conçu sous la direction de Linda Blanchet, avec Calypso Baquey, Mike Ladd, Mathieu Montanier, Angélique Zaini et le robot HitchBot 2. Imaginé et écrit par Linda Blanchet, "Killing Robot" présente, sous forme d’enquête policière, le périple entre le Canada et les Etats Unis, et ceci jusqu’à son démembrement criminel à Philadelphie en 2015, du robot auto-stoppeur Hitchbot, conçu par les chercheurs David Smith et Frauker Zeller. Pensé pour être un compagnon de voyage agréable et rassurant, pas plus haut qu’un enfant de 6 ans, le robot était doté d’un GPS qui traçait son parcours en temps réel sur le web et d’une caméra prenant des photos toutes les 20 minutes, photos qui pouvaient être postées sur des réseaux sociaux de notre héros. Le robot doté d’intelligence artificielle était capable de faire la conversation (même si parfois de manière déroutante) et avait pour mission d'effectuer le plus long parcours en auto-stop possible, devant ainsi être l'ambassadeur humanoïde de toute la foi que l’on pouvait mettre dans la bonté et la bienveillance de l’espèce humaine envers son prochain... déstabilisant, surtout quand on connaît la fin de son voyage.
Dans la continuité de ses réflexions démarrées avec "Le voyage de Miriam Frisch" autour du récit d’autofiction et de la capacité du théâtre à rendre le réel, Linda Blanchet propose avec ce "Killing Robots" un reportage scénarisé, dont la base documentaire faite de témoignages et de documents recueillis sur place est nuancée de reconstitutions théâtralisées et de réflexions sur l’Homme et son rapport à l’intelligence artificielle floutant ainsi sans cesse la frontière entre fiction et réalité, faits et récit. Les trois comédiens Calypso Bacquet, Mathieu Montanier, Angélique Zaini et le rappeur et musicien Mike Ladd se font la voix passionnée d’une histoire dans laquelle on entre complètement, grâce notamment à la mise en scène fluide de Linda Blanchet qui mêle habilement narration, vidéos (de Linda Blanchet et Elodie Ferré), musiques (de Mike Ladd), photos (de Hitchbot) et instants introspectifs et réflexifs des comédiens. Le travail accompli par l’équipe, tant au niveau de la collecte documentaire que de la reconstitution scientifique (avec une participation sur scène de Hitchbot 2 réalisé par l’équipe Héphaïstos de l’INRIA Sophia-Antipolis) est colossale, et les réflexions autour des limites du narratif théâtral tout comme de l’intelligence artificielle mais également de la nature humaine sont vraiment intéressantes. Toutefois, à force de brouiller les cartes et d’explorer de si nombreuses pistes, ce "Killing Robots" laisse un sentiment ambigu de potentiel inachevé et interpelle sur la finalité de son propos, jusqu'à la fin ouverte qui laisse le spectateur en suspens. |