Dans le ciel constellé du rock, un astre brille sans faiblir depuis plus de 30 ans. Il a engendré une myriade de petites étoiles qui gravitent autour de lui et sert immanquablement de point de repère aux musiciens égarés ou en manque d'inspiration.
Big Star ! Ce nom résonne dans le panthéon du rock US depuis trois décennies.
Formé en 1971 par Alex Chilton, Chris Bell, Andy Hummel et Jody Stephens, ce groupe a connu un énorme succès ... posthume.
Encensé par la critique (comment aurait-il pu en être autrement !) le succès commercial ne fut pourtant jamais au rendez-vous. Chris Bell, dépité, quitta le groupe après l'échec du premier album. Finalement c'était peut-être un mal pour un bien puisqu'il enregistra ensuite le cultissime I am the cosmos. Malheureusement sa discographie s'arrête brusquement en 1978 suite à un accident de voiture où il perd la vie.
Le groupe fut officiellement dissous en 1975 après deux albums. Le troisième enregistré dans la douleur juste avant leur séparation ne sortit que trois ans plus tard.
Mais le temps passant, et avec seulement 3 albums #1 Record (1972), Radio City (1974) et le tourmenté Third/Sisters Lovers (1978), le groupe a finalement accédé au statut de légende du rock.
Au même titre que les Beatles et autres demi-dieux, ils eurent une énorme influence sur beaucoup d'artistes et on retrouve leur patte chez de nombreux groupes US des années 80 et 90.
De REM aux Posies en passant, entre autre, par Teenage Fanclub beaucoup d'artistes revendiquent une filiation directe. D'autres (ré)interprétent même leurs morceaux, tel Jeff Buckley avec "Kangaroo" ou Elliott Smith qui jouait "Thirteen" aussi souvent que "Jealous guy" lors de ses prestations live.
Après presque 30 ans voilà donc l'étoile qui tente de se rallumer avec In space. Un nouvel album, beaucoup en rêvaient mais peu le souhaitaient vraiment. La crainte (souvent justifiée d'ailleurs !) du réchauffé plane toujours sur les albums revival.
La question est donc la suivante : fallait-il mieux laisser la légende suivre son cours pour l'éternité ou bien tenter une reformation (pour des raisons qui restent à définir) avec un risque non négligeable de décevoir.
En tout cas Alex Chilton a tranché.
Et du groupe d'origine, il ne reste plus que lui et Jody Stephens (le batteur). Cependant il a su astucieusement s'entourer et a convié Jon Auer et Ken Stringfellow, les deux membres de The Posies, à cosigner cet album. Ces deux derniers ne sont pourtant pas de complets étrangers puisqu'ils ont assistés Alex lors d'épisodiques concerts de Big Star.
On avait beaucoup aimé leur album Every kind of light (enregistré d'ailleurs en même temps que In Space) mais de là à écrire sous le nom Big Star, il fallait une certaine dose de courage (ou de prétention !). Inévitablement, on est tenté de faire des rapprochements avec les anciennes chansons. Qu'il est difficile de faire abstraction de ce lourd héritage !
Pourtant quelques titres peuvent soutenir la comparaison avec ses illustres prédécesseurs tant ils sont dans la même veine. De "Lady Sweet" à "Best chance we've ever had", en passant par "Dony" et "February's quiet", le côté pop des premiers albums est toujours là.
Chose curieuse, ce n'est pas forcément sur les titres les plus Big Stariens qu'Alex Chilton pose sa voix (il ne chante d'ailleurs que sur 5 titres). Ses deux disciples sont là pour prendre le relais et assurent également d'impeccables harmonies vocales aux choeurs.
Indéniablement les deux compères des Posies ont apportés leur touche et semblent avoir à cœur de préserver l'héritage. Le reste ressemble un peu à la cour des miracles.
"Love revolution" flirte du côté funk tandis que "Turn my back on the sun" rend un flamboyant hommage aux beach boys avec lesquels il partage les premières notes de “Wouldn't it be nice”. Et le rockabilly "A whole new thing" (écoutez la ligne de basse !) côtoie la musique baroque avec l'instrumental pas vraiment utile, de "Aria Largo".
Bon, ce n'est pas intrinsèquement un mauvais album, loin de là, mais la magie n'est plus tout à fait la même. En fait, il faut bien l'admettre, rien n'aurait vraiment pu nous satisfaire, tant l'attente était grande...
La plus grande des étoiles n'était sûrement destinée qu'à n'être qu'une étoile filante...
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