Spectacle conçu et mis en scène par Nathalie Béasse, avec Étienne Fague, Clément Goupille et Stéphane Imbert.
La scène complétement nue où l'on a ôté rideaux et pendrillons est vide. Des bruits de travaux se font entendre à côté et un mur s'écroule avec une avalanche de plâtre. Une dispute éclate au loin puis les travaux reprennent. Une épaisse fumée envahit alors la scène.
Quand soudain arrivent trois spectateurs retardataires aux allures de représentants de commerce en goguette (les excellents Etienne Fague, Clément Goupille et Stéphane Imbert) qui commencent à chercher une place puis, de place en place, montent sur le plateau.
Nathalie Béasse qu'on avait particulièrement apprécié au Théâtre de la Bastille avec "Tout semblait immobile" possède un univers singulier où les arts sont mélangés et la dramaturgie éclatée. Un univers qu'il ne faut pas forcément tenter de comprendre mais dans lequel il faut s'abandonner et laisser voguer son imaginaire.
Dans "Aux éclats…", le trio se fera des farces, beaucoup, dansera un rock endiablé, s'arrosera, s'essayera à la ventriloquie... Les trois amis s'amusent comme des enfants et le public aussi. Le spectacle en mouvement perpétuel bouscule les codes, joue avec les matériaux ainsi que sur l'équilibre fragile entre comédie et drame.
De leurs costumes tristes naissent des déguisements saugrenus, des combats, des essais, des courses effrénées. Comme les enfants, ils jouent à se faire peur, explorent tous les styles et tous les genres. De la retenue au délire le plus total. Le jeu à l'état brut. C'est toujours fou et toujours surprenant. La vie explose pour conjurer le mort et rire aux éclats pendant qu'il en est encore temps.
Ce spectacle original prend le temps des arrêts sur image, des silences et fait apparaître la grâce dans des séquences dansées d'une rare beauté. "Aux éclats…" est peuplé de fantômes d'enfants qui viendraient réinvestir leur corps d'homme sur la scène, le lieu de tous les jeux.
Un spectacle magique qui touche infiniment tant il recèle de trésors et frôle l'impalpable, où tout peut soudain basculer, s'effondrer. Une poésie lucide et frondeuse qui se rit de la mort même si elle gagne à la fin. |