Galerie Templon Du 10 septembre au 31 octobre 2020
La Galerie Templon présente réunies sous le titre "Errances immobiles" un florilège des œuvres de Pierre et Gilles réalisées au cours des années 2019-2020.
Pierre et Gilles, deux prénoms pour un "double-je", qui a inspiré le titre de l'exposition rétrospective au Jeu de Paume en 2007 pour signer une oeuvre unique à plus d'un titre car osant un syncrétisme audacieux placée sous le signe de l'hybridation.
Le célèbre duo d'artistes plasticiens composé de Pierre, le photographe, et de Gilles, le peintre, oeuvre depuis quatre décennies dans un registre atypique, celui de la "photographie-peinture", une photographie rehaussée par la peinture, résultant de la fusion des deux médiums, avec une esthétique résultant du croisement du chromo sulpicien et du kitsch pop.
Et ce, appliqué aux genres de la peinture d'histoire - et plus particulièrement la peinture religieuse - et du portrait dans son avatar contemporain selon deux axes. D'une part, l'iconisation de nouveaux - et réels - visages pour la représentation de la Vierge du Christ et des Saints notamment Saint Sébastien considéré comme un martyr gay.
En second lieu, la sacralité des idoles profanes, célébrités du show-business pérennes ou éphémères, souvent people, parfois "happy fews" pseudo-confidentiels, quelquefois simples anonymes, qui se susbtituent aux idoles religieuses, ainsi dans l'exposition "La Fabrique des idoles" présentée en début d'année 2020 à la Philarmonie de Paris avec en vidéo l'interview de Pierre et Gilles.
Par ailleurs, dans la lignée du pionnier George Platt Lynes et du "pope of the queer culture" James Bidgood, Pierre et Gilles développe une oeuvre homérotique en procèdant à la sublimation de la beauté plastique de jeunes éphèbes et de l'amour gay en fonction des codes du romantisme sentimental, à ce titre dans la récente exposition "Coeurs - Du romantisme dans l'art contemporain" au Musée de la vie romantique dans laquelle fgurait la célébration de leurs noces d'émeraude ("40 ans - Autoportrait").
Car les artistes se mettent également eux-même en scène, non sans humour, autodérision et un second degré qui renvoie à l'actualité et à des sujets graves tel l'immigration avec "Le Vendeur de Tour Eiffel".
Ainsi à la Galerie Templon, Pierre et Gilles accueillent le visiteur avec leur autoportrait intitulé "Bonjour Pierre et Gilles", considéré comme un tribute à l'autoportrait de Gustave Courbet ("La rencontre" renommé "Bonjour Monsieur Courbet"), dans lequel ils apparaissent en clochards beckettiens, certes relookés 21ème avec gilet jaune, jogging à deux bandes blanches et blouson de cuir, mais en résonance avec la situation des exclus et déclassés
Et dans le cadre de la thématique marine qui prévaut en l'occurrence pour cette monstration, avec l'actrice Adéle Farine incarnant "La Reine des Océans" dont le portrait est retenu pour le visuel de l'affiche, le décor carte-postale de style coquillages et crustacés sur la plage abandonnée est pollué de déchets.
Pour l'iconographie religieuse, ils revisitent la Vierge noire qui a les traits de la la mannequin soudanaise Adu Akech en Vierge noire, inventent une nouvelle madone, "Notre Dame du Corona" représentée par la jeune comédienne Clara Benador, et le mannequin et acteur Willy Cartier a été choisi pour incarner "Le Christ aux outrages".
In situ, et entre autres (oeuvres sur la viewingroom de la Galerie Templon), sont présentés "La fureur de vaincre" avec le coach sportif Guillaume Thor en Spartacus, "Le garçon au poisson" avec le styliste Victor Weinsanto et "La Pêche Miraculeuse" réunissant les amants et l'ambigu
"Le petit bizut" qui semble également renvoyer au phénomène du harcèlement scolaire.
Un titre en hommage à Shane McGowan disparu cette semaine après avoir vécu une vie comme s'il n'en avait qu'une et il avait sans doute bien raison. Et puis c'est bientôt noel, le temps des cadeaux alors voici notre sélection hebdomadaire.