S’il y a bien quelque chose qui ressort de la lecture du nouvel ouvrage de Nicolas Le Roux, c’est bien que le XVI siècle fut un siècle marqué par de nombreux changements. Un siècle tumultueux façonné par des hommes et des femmes : des Grands, mais aussi la Noblesse, tout comme les administrateurs et les favoris sans oublier évidemment le Roi. Tout bougeait au 16ème siècle, les institutions vacillaient, les royaumes se disloquaient et l’église explosait. Dans cet univers chaotique des guerres de religion, les apparences trompeuses, les mensonges et les ruses furent souvent nécessaires à la survie.
C’est donc Nicolas Le Roux qui nous propose cet ouvrage, Portraits d’un royaume, édité aux Editions Passés Composés. Nicolas Le Roux est professeur d’Histoire moderne dont les travaux portent sur les guerres de Religion, la société de cour et la culture nobiliaire.
Au travers du titre, avec le mot portrait au pluriel, on comprend que cet ouvrage nous propose une plongée dans les tensions qui marquèrent la noblesse française dans le second 16ème siècle au travers de portraits d’hommes et de femmes de pouvoir Comme Guy de Lanssac, les Guise, Mme de Montpensier, Anne de Joyeuse. Cela nous permet de voir les différentes formes de contestation de la légitimité politique et d’Henri III. L’ouvrage est construit autour de trois parties : une première consacrée aux questions de légitimité, une deuxième sur les épreuves de loyauté et une dernière sur les engagements ligueurs.
On apprend énormément de choses sur certains personnages clé de cette période tourmentée, notamment des nombreuses figures féminines de premier plan alors que la participation des dames aux affaires d’Etat apparaissait contraire à l’ordre naturel.
Henri III a été plongé dès l’enfance dans les drames de la guerre civile. L’ouvrage nous montre un homme convaincu du caractère sacré de sa fonction mais capable aussi de comportements fantasques. On voit aussi comment la tradition de familiarité entre le roi et les courtisans est mise à mal dès l’arrivée au pouvoir d’Henri III. Les tensions apparaissent concernant la noblesse française, marquant les dernières décennies du 16ème siècle.
A la lecture de l’ouvrage, on s’interroge sur le réel poids de la religion dans ce que l’on a appelé les guerres de religion. Ces guerres s’expliquent aussi par des luttes partisanes, des luttes de pouvoir aussi. Nicolas Le Roux nous explique que les gens du 16ème siècle utilisaient le terme "émotion" pour désigner leur mécontentement, un soulèvement ou une prise d’armes. Et il faut bien admettre que le Roi Henri III ne fut pas très bon dans la gestion de ces émotions.
L’auteur retrace ainsi les étapes de la construction des principales forces d’opposition à l’autorité du monarque, qu’il s’agisse de la nébuleuse constituée autour du duc d’Anjou ou des associations catholiques radicalement opposées à l’idée qu’un hérétique puisse prétendre à la couronne. A l’issue de ce parcours, c’est bien le fascinant portrait kaléidoscopique d’un royaume que dessine Nicolas Le Roux. |