Il n’en a jamais fait secret à personne, le pianiste Philippe Bianconi aime profondément Debussy. En 2012, son magnifique enregistrement consacré à ses Préludes déjà avec le label La Dolce Volta a été plébiscité par la presse et le public, et lui a valu une nomination aux Victoires de la Musique Classique, le Grand Prix de l’Académie Charles Cros, et un Diapason d’Or de l’Année. Quand même.
Les mois qui précèdent et suivent la Première Guerre mondiale sont des moments extrêmement difficiles pour Debussy. Il est naturellement profondément bouleversé par la guerre, mais aussi un manque cruel d’inspiration amène presque au dégoût de la musique, il avoue que "le son familier du piano (lui) était devenu odieux", il a des dettes et de nombreux voyages en Angleterre, Hollande, Italie et Belgique au programme. Petit à petit, un mouvement créateur est de nouveau amorcé. Surtout Debussy commence à envisager la musique autrement. "Je réapprends la musique (…) Le total d’émotions que peut donner une mise en place harmonique, est introuvable en quelque art que ce soit ! Excusez-moi ! J’ai l’air de découvrir la musique, mais, très humblement : c’est un peu mon cas" écrit-il à son ami le chef d’orchestre Désiré-Émile Inghelbrecht. En quelques mois, il va composer En blanc et noir pour deux pianos, les études pour piano, la sonate pour violoncelle et piano et la sonate pour flûte, alto et harpe.
Le cycle des douze études est composé à Pourville entre juillet et septembre 1915 et trouve son élaboration dans la révision des études op.10 et op.25 de Chopin (les études sont dédiées à la mémoire de Frédéric Chopin) à la demande de son éditeur pour remplacer les éditions allemandes. Avec ses études, Debussy expérimente, travaille autour des intervalles (tierce, quarte, sixte, l’octave...) pour créer un matériel sonore nouveau.
On ressent dans les doigts de Bianconi tout le dramatisme poignant des études jouées comme des abstractions lyriques.
A partir de décembre 1915, celui qui rêvait de vivre un nouvel été créatif déchantera dans un hiver fait de douleurs physiques (suite à son opération d’un cancer du côlon) et psychiques. Son corpus n’augmentera pas comme il aurait tant aimé. Si sa dernière œuvre achevée est la sonate pour violon et piano, sa dernière œuvre pour piano est : les soirs illuminés par l’ardeur du charbon. Pièce presque nostalgique, rappel du passé : le titre est un vers tiré du balcon de Baudelaire que le compositeur avait mis en musique, et la citation musicale du prélude inspiré par la poète. Mais l’œuvre nous rappelle aussi à une triste vérité : elle servira de paiement contre des sacs de charbon à son marchand, amateur de musique.
Dans ce disque, on retrouve également l’Élégie et Le martyre de saint Sébastien, suite pour piano (transcription André Caplet).
Il y a chez Philippe Bianconi une pertinence du propos, une élégance, beaucoup de musicalité. L’articulation est nette. Il y a une puissance, une intensité dans le jeu, dans la profondeur du clavier, une clarté mélodique, rythmique, harmonique. Très beau !
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