Les habitués et les fumeurs en savent quelque chose, une soirée à la Maroquinerie, ca se mérite.
Station Ménilmontant. On marche on monte on transpire on atteint les cimes 500 mètres plus haut à la recherche du Graal. Un phare qui brille dans la nuit pour sauver les mélomanes. Qui brillait ce soir pour repêcher les amoureux de nouvelles révélations auteurs de nouveaux albums.
Un radio crochet moderne dans le 20 ième pour présenter Joseph d'Anvers, Yeti et les - plus la peine de les présenter - The Brakes.
On a déjà dit tout le bien que l'on pensait de Joseph d'Anvers et de cette mini bombe intimiste et sensuelle qu'est Les choses en face.
Seulement voila, aimer un album sans avoir ressenti l'émotion live, c'est un peu comme se marier à une femme vierge. On n'oserait pas tenter le risque de peur de s'en mordre, euh, les doigts.
Et il faut bien dire que l'union avec Joseph pourrait bien durer, tant le spectacle offert ce soir est à la hauteur de l'album, tout en étant singulièrement différent.
Singulièrement rock face à l'orchestration léchée entendue sur album, âpre et rêche comme la peau qui frotte sur le goudron. Un musicien chantant, murmurant le Paris nocturne en français, on redoutait l'arrivée d'un nouveau Cali et voila peut-être juste quelqu'un de bien, entre Dominique A et Mogwai.
"La valse des gens" trouve son public, optimiste et joyeuse, séquence émotion sur Pigalle jouée en catimini, Joseph convainc et surprend par sa voix minimaliste et sa guitare noisy.
Comme sur "La vie est une putain", amputée de Miossec, si séduisant par ses râles sur le disque. Reste la hargne des guitares empoignées à bras le corps, l'acoustique de "Nos jours heureux" jouée seul à la guitare.
Pas un bruit, seulement le son des cordes qui vibrent, on entend les gens fumer leurs cigarettes. Les gens si réceptifs aux chansons de Joseph qu'on est content d'être là ce soir. Et un final rappelant étrangement le Noir désir de Des visages des figures avec "Les cicatrices".
Pas de pathos ni de chansons larmoyantes. Une VRAIE révélation accueillie comme il se doit.
Rendez vous à l'Européen en février pour les prolongations d'émotions.
On parlait en préambule de cimes et d'escalades enneigées. Voila Yeti et l'ex-Libertines John Hassal qui re-branle le manche avec son nouveau groupe, anglais forcément.
On passe de l'intime à l'urgence avec ces compositions rapides et sincères.
Oh pas d'originalité certes, des chansons pas cérébrales alternant le "sha-ba-da-bah-da" et les "yeah yeah" comme tant de teenagers avant eux.
Un peu de Libertines, des voix aigues comme chez les irlandais de Hal, mais le "Keep pushin' on" tarde à venir.
On semble être le seul à trouver les compositions fadasses, et l'on pense à Pete et Carl, à tous ces groupes splittés et l'on regrette les ruptures.
Un concert comme un autre, excepté un dernier titre en boogie électrique que n'auraient pas renié les barbus de ZZ top période Tres hombres.
A voir et réentendre sur disque dans les prochaines semaines.
C'est enfin au tour des Brakes d'investir la scène. Les Yéti semblaient attendus et la salle s'est déjà un peu vidée mais c'est quand même devant 350 personnes au moins qu'arrivent les 4 membres du groupe.
A peine le temps de faire connaissance d'un "Bonjour, nous sommes The Brakes" que ça démarre sur les chapeaux de roues!
Entre 3 minutes pour les plus longs et quelques secondes pour les plus courts, les morceaux s'enchaînent furieusement.
Débordante d'énergie, la joyeuse équipe des Brakes (dont les frangins White à l'origine de The Electric Soft Parade) séduit le public qui bouge enfin (ça pogote dans les premiers rangs).
Une voix tantôt pop et tantôt braillarde, des guitares acérées et frénétiques, une rythmique infaillible et une spontanéité qui n'a d'égale que la sincérité du groupe... Il n'y a pas d'erreur, On est en plein revival punk mâtiné de country rock.
La bande à Eamon Hamilton renverse tout sur son passage et on se retrouve à écouter leur musique, croisement entre les Buzzcocks et les Wedding Present.
Fin du fin, les Brakes osent les reprises et rendent hommages à leurs influences. Ce mélange étrange donne lieu notamment à une cover de Jesus and Mary Chain curieusement un peu plus calme que le reste du show, peut être la timidité, ainsi qu'une belle reprise de Johnny Cash remarquable et très rock...
Un groupe fort sympathique qui donne envie de découvrir le disque au plus vite, à coté duquel, il faut le reconnaître, nous étions passé.
De quoi bien finir quoi qu'il en soit une autre de ces soirées découvertes parrainées par les Inrocks malgré peut être une trop grande hétérogénéité dans la programmation . |