"J’en suis maintenant convaincu, l’avenir de la musique de ce pays s’appuiera sur ce que l’on appelle les mélodies noires. J’y ai découvert tout ce dont j’ai besoin pour imaginer une grande et noble musique qui peut faire école".
Ces propos justes et prémonitoires d’Antonín Dvorák publiés en 1893 dans le New York Herald vont choquer et faire débat au sein des musiciens européens et de l’opinion américaine, qui ne renie pas ici ses origines de colonie puritaine. Qu’importe les préjugés sociaux et racistes, l’Histoire est en marche.
C’est pour l’Amérique donc que nous proposent le clarinettiste Patrick Messina et le pianiste Fabrizio Chiovetta de partir. Le duo, qui se connaît bien pour jouer ensemble depuis quelques années, s’est attaqué aux Sonates pour clarinette et piano de Leonard Bernstein et André Previn, aux Trois préludes de George Gershwin, au Largo pour violon, clarinette et piano (avec Mariko Inaba-Messina au violon) et au Songs My Mother Taught Me de Charles Ives, au Jeanie With the Light Brown Hair de Stephen Foster... Ensemble, ils soulignent les contours de la musique américaine et dévorent avec gourmandise cette musique qui est en train autant de créer les fondations de son histoire, de s’émanciper de l’influence européenne pour aller puiser dans ses propres racines, créer sa propre autonomie et originalité.
C’est notamment grâce à Antonin Dvorak, établi aux États-Unis de 1892 à 1895 comme directeur du conservatoire de New York et professeur de composition que va naître un "nouvel américanisme" porté par des compositeurs comme Copland, Bernstein, Ives ou Gershwin. Une esthétique où se mélangent des restes de post romantisme européen, influences amérindiennes et afro-américaines, jazz, blues, cultures populaires anglo-saxonnes.
C’est un idéal qui est transmis dans ce disque, avec une interprétation très fine, celui d’une musique montrant son esprit d’ouverture et établissant les bases, déjà superbes à l’image de la sonate de Bernstein, d’un devenir.
# 01 octobre 2023 : Un été indien vaut mieux que deux automnes tu auras
Encore quelques jours de beau temps pour profiter des terrasses. Que cela ne vous empêche d'y emporter vos livres, votre musique ou de gambader sous le soleil jusqu'au théâtre, au cinéma ou au musée...