Voilà ce qui sera sûrement ma dernière lecture pour l’année 2020 des excellents ouvrages proposés par les éditions Passés Composés. Une lecture assez conséquente, plus de 600 pages, pour un ouvrage écrit par un auteur que l’on peut considérer comme un spécialiste et un observateur engagé des conflits irréguliers. Stratégiste, géopoliticien, Gérard Chaliand a aussi enseigné à l’ENA, à l’école de guerre mais aussi à Harvard, Berkeley et Singapour.

Autant dire qu’avec un tel pédigree, l’auteur maîtrise ses sujets, tant sur la géostratégie que sur les conflits asymétriques ou les rapports de force politiques. Avec Des guérillas au reflux de l’occident, il nous propose un ouvrage passionnant sur des conflits, des guérillas ou des tentatives révolutionnaires depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale qui ne sont pas souvent analysés dans d’autres ouvrages.

Le livre retrace donc depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, nombre de mutations d’ordre politique, stratégique, psychologique et démographique dont l’actualité ne peut rendre compte, à commencer par la transformation de la guérilla en guerre révolutionnaire ou à la naissance d’un tiers-mondisme pulvérisant le mythe de la supériorité raciale.

Dans le même temps, l’Union soviétique dépérissait devant les avancées américaines, tandis que l’Europe restait divisée sur le plan politique et impuissante sur le plan militaire. L’auteur nous montre que depuis la guerre américaine au Viet-Nam il n’a assisté qu’à des reculs occidentaux, ponctués par de nombreux échecs de tentatives révolutionnaires mal pensées ou à des guérillas mal organisées.

Au centre de l’ouvrage donc, le reflux de l’occident et le basculement des rapports de force mondiaux. Pour le comprendre et l’expliquer, l’auteur va donc revenir sur le contexte historique mondial des derniers siècles pour ensuite nous parler de ce basculement dans la deuxième moitié du 20ème siècle, symbolisé par le reflux des américains au Viet-Nam.

Pour l’auteur, ce basculement de l’occident s’explique par l’incapacité des occidentaux à mener des guerres irrégulières face à des pays qui n’ont pour unique but de vaincre ou de mourir. Une fois encore, l’exemple de la guerre du Viet-Nam devenue impopulaire auprès des américains à mesure que le nombre de morts côté américain augmentait.

L’auteur nous parle de Dien Bien Phu, de l’expédition punitive en Irak en 2003 des américains, de l’Afghanistan et du Pakistan qui joua un double jeu dans ce conflit entre les talibans et les américains. Les crises au Moyen Orient et leur gestion symbolisent bien aussi le déclin du monde occidental.

On apprend vraiment beaucoup de choses dans cet ouvrage. Les chapitres concernant le terrorisme sont excellents. L’auteur parle aussi de la situation dans le Haut Karabagh et de la guerre civile aux Philippines. La partie consacrée à l’Amérique latine est passionnante tout comme le conflit israélo-palestinien.

Alors voilà mes lectures 2020 des éditions Passés Composés se terminent donc avec ce formidable ouvrage qui va rejoindre les autres dans ma bibliothèque. J’attends déjà avec impatience les nouvelles publications de 2021, nombreuses et variées, qui sauront me procurer le même plaisir de lecture que cette année. Nous en reparlerons bientôt avec grand plaisir.