Je continue de découvrir les publications de Playlist Society avec la lecture d’un deuxième ouvrage de cette maison d’édition, quelques semaines après l’excellent ouvrage consacré à Christophe Honoré. Publié dans la collection Face B, ce dernier ouvrage est consacré à un réalisateur belge de talent, Lucas Belvaux.
Pour nous en parler, l’ouvrage est écrit à quatre mains, celles de Louis Séguin, journaliste et critique de cinéma et Quentin Mével, auteur de plusieurs livres d’entretien avec des cinéastes. L’ouvrage est constitué d’un essai introductif de Louis Séguin qui analyse avec pertinence la filmographie du réalisateur (nous donnant envie de revoir de nombreux films) et d’un entretien parfaitement intéressant entre Quentin Mével et Lucas Belvaux.
Lucas Belvaux est un réalisateur particulièrement brillant pour moi. Avec ses longs métrages, toujours excellents, Lucas Belvaux s’inscrit dans une tradition cinématographique réaliste et sociale. Le cinéaste belge interroge nos démocraties modernes sous plusieurs angles : la responsabilité individuelle, la place de la justice, la montée de l’extrême droite, ou encore la fin du monde industriel et son corollaire, le chômage de masse. A chaque fois ses films explorent un genre différent, de la comédie à la romance, du polar à la chronique judiciaire en passant par des tragédies au réalisme politique.
Et justement, la lecture de l’entretien avec le réalisateur nous permet de rentrer au cœur de la fabrication cinématographique, de bien voir l’approche documentaire que prennent ses films, de s’intéresser à ces personnages et à ses décors, les lieux de ses films qui se situent souvent dans le nord de la France et en Belgique.
Au-delà d’être un réalisateur, Lucas Belvaux est aussi un passionné de cinéma, un cinéphile aguerri. On découvre les réalisateurs qu’il aime, ceux qui l’ont inspiré et l’on appréhende mieux son œuvre du coup. Le début de l’entretien revient sur son passé d’acteur et nous explique comment s’est fait pour lui le passage vers la réalisation.
L’entretien concernant la trilogie du réalisateur nous permet de voir l’ambition de ce projet, que cela soit au niveau de l’écriture, de la réalisation ou de la production. On apprend comment il a pensé cette trilogie, les acteurs français et belges qui jouent dans les films dont François Morel.
Les entretiens concernant La raison du plus faible et 38 témoins sont ceux que j’ai le plus savourés puisqu’on a là deux films que j’aime beaucoup. La raison du plus faible est son premier film tourné en Belgique. C’est un excellent film sur la classe ouvrière, Rapt son film suivant portant lui sur le patronat. Pour 38 témoins, le réalisateur nous raconte la génèse du film, le rôle d’Yvan Attal et le livre de Didier Decoin qui inspire le film.
L’entretien se termine sur son nouveau film Des hommes qui sortira en janvier 2021, un film tiré d’un superbe ouvrage de Laurent Mauvignier, un film sur la guerre d’Algérie que j’ai terriblement envie de voir, un film taillé sur mesure pour Gérard Depardieu qui aura le rôle principal accompagné de l’excellent Jean-Pierre Darroussin.
Alors voilà cette dernière publication de Playlist Society est de nouveau une excellente lecture que j’ai particulièrement appréciée, qui m’a fait mieux connaître un réalisateur de talent qui gagne à être davantage connu tant son travail de réalisateur est de qualité. |