Cette fin d’année de lecture se termine autour de Robert Bolaño que je continue de découvrir avec grand plaisir, grâce au formidable travail des éditions de l’Olivier qui ont eu la merveilleuse idée de nous proposer une édition de son œuvre complète sous la forme de six tomes. Après le premier tome paru en octobre 2019, le deuxième en février 2020, c’était au tour du troisième de sortir en octobre dernier. De nouveau, un gros pavé, avec plus de mille pages que je continue de lire dès que j’en ai le temps.

C’est un peu le principe des œuvres complètes que celui de pouvoir laisser le lecteur aller piocher régulièrement des lectures dans ces ouvrages puisqu’ils sont constitués ici de recueils de textes de quelques pages. Dans ce tome 3, on trouve la quasi-totalité des discours, articles, conférences et récits autobiographiques autrefois réunis dans l’ouvrage Entre Parenthèses. Ils sont ici refondus dans un nouveau recueil intitulé Intempéries, argumentés de textes inédits. Des heures de lectures me restent encore avec ses textes, que je prends soin de lire en prenant mon temps. Comme si je voulais conserver le plus longtemps le plaisir de lecture, en attendant le tome 4.

Le troisième tome est aussi constitué de deux titres emblématiques de l’œuvre de Bolaño, deux romans que j’avais hâte de rencontrer pour découvrir davantage cet auteur. L’ouvrage débute avec La piste de glace, le deuxième roman publié par l’auteur, le premier à lui valoir une large reconnaissance. Il nous embarque sur une petite ville côtière de Catalogne où se déroule un crime. L’ouvrage est construit autour de trois narrateurs, un Mexicain, un Espagnol et un Chilien. Le crime d’un écrivain chilien s’étant enrichi grâce à ses affaires est une sorte de prétexte pour l’auteur pour s’exprimer sur lui (les pays des trois narrateurs sont des pays qu’il connaît bien) et pour traiter de thèmes importants, qu’ils soient politiques, économiques et sociaux.

Le second roman présent dans ce tome 3 est Le troisième Reich, écrit en 1989, mais publié de manière posthume en 2010. L’histoire se situe aussi en catalogne autour du personnage d’Udo, un jeune qui a pour passion les jeux de guerre, les Wargames. Il est un spécialiste du jeu Le troisième Reich qui traite de la Seconde Guerre mondiale et des pays impliqués dans ce conflit majeur. En vacances avec sa copine en catalogne, il installe dans sa chambre d’hôtel une grande table pour mettre en place les nouvelles stratégies de ce jeu intitulé.

Le soir, de nouvelles parties se jouent avec sa copine et un couple de touristes allemands mais aussi trois autres personnes aux surnoms particuliers, Le loup et l’agneau mais surtout le brûlé, au corps calciné, un gardien de pédalos.

Cet ouvrage qui se présente sous la forme du journal intime du personnage d’Udo est particulièrement étrange, dans sa construction, dans son contenu et dans son personnage principal. Il a été pour moi une réelle confirmation de l’originalité de Roberto Bolaño. La manière de présenter la Catalogne dans l’ouvrage est aussi étrange. Bolaño l’exprime comme un espace touristique à deux visages, le second dévoilant violences et menaces. Tout cela crée une atmosphère anxiogène, le lecteur sent une sorte d’épée de Damoclès se trouvant au-dessus de la tête des personnages. On sait que le pire rode au fur et à mesure que les pages se tournent sans savoir quand, comment et sous quelle forme il va arriver. C’est ça la grande force du livre et le talent de l’auteur.

Alors voilà, ce troisième tome des œuvres complètes de Bolaño est de nouveau un très bel ouvrage qui viendra se poser aux côtés des deux précédents. Place est désormais faite dans la bibliothèque pour accueillir les trois suivants et continuer de découvrir cet auteur de génie.