Dire que l’on aime Joseph d’Anvers chez Froggy’s Delight est un euphémisme. Il fait partie de ces artistes que l’on suit avec une grande assiduité au gré de ses multiples projets, qu’ils soient musicaux comme aujourd’hui ou littéraires comme l’an dernier avec la sortie d’un excellent ouvrage que nous avions chroniqué.
Cela faisait maintenant six ans que l’artiste ne nous avait pas proposé de nouvel album, nous laissant en compagnie de l’excellent Les matins blancs. Six longues années donc pour enfin aboutir à un nouveau projet musical, bien différent des précédents disques, au nom énigmatique de Doppelgänger.
Doppelgänger est donc arrivé en ce début de février, l’aboutissement pour lui d’un projet qu’il portait depuis déjà longtemps, qui a subi cette maudite pandémie et que l’on a déjà hâte de découvrir dans les salles de concert quand la culture aura retrouvé sa place dans notre pays.
C’est un album généreux que nous propose l’artiste, constitué de 17 titres superbes dont certains sont des interludes entre les morceaux. Ce qui se dégage dès les premiers titres puis à la première écoute de cet album, c’est un sentiment de nouveauté, l’idée que l’artiste tient à nous proposer quelque chose de bien différent musicalement par rapport à ses albums précédents.
Loin de vouloir se reposer dans un certain confort en nous proposant le même style de titres (ce que l’on aurait sûrement beaucoup aimé), Joseph d’Anvers réussit le pari de nous surprendre et de nous conquérir avec ce disque à la dimension cinématographique, dimension que l’on retrouve d’ailleurs sur la pochette du disque mais aussi dans son clip sur le titre "Esterel", qui est de toute beauté.
Laissant de côté son univers pop folk qui nous avait séduits, l’artiste nous propose de côtoyer un univers électronique qui au final convient parfaitement aux textes toujours soignés qu’il écrit. Les guitares sont toujours présentes mais elles se retrouvent accompagnées de synthé aériens et de beats electroniques.
Cela se traduit par des titres qui dépassent les longueurs convenues du format trois minutes pour les radios pour nous proposer des histoires plus longues, des mini métrage pourrait-on dire. C’est le cas notamment avec le superbe titre "Comme ils dansent", qui nous tient en haleine sur plus de six minutes.
La voix de l’artiste, celle que l’on aime tant est toujours bien présente, portée par ses textes très beaux. Des textes superbes comme "Les combattants", titre sur lequel on retrouve une ambiance plus feutrée autour d’un piano. L’un des derniers titres de l’album, "Je viens d’ailleurs" est dans la même lignée.
Certains textes de l’album résonnent pour ceux qui ont eu la chance d’avoir lu Juste une balle perdue, publié chez Rivages, que nous avons chroniqué l’an dernier. On retrouve des extraits de dialogue de films entre les titres, notamment l’un de Jean Eustache.
L’album pourrait très bien être perçu comme une sorte de road movie musical, la playlist d’un excellent film. Sa passion pour la littérature et le cinéma se retrouve dans cet album qui est juste excellent, du début à la fin. La pochette est à la hauteur du contenu, superbe. Il est disponible en vinyle pour un objet magnifique, particulièrement soigné qui prouve que l’artiste cherche toujours à combler ceux qui le suivent et investissent dans ses albums.
Avec Doppelgänger, on retrouve donc Joseph d’Anvers dans un univers où on ne l’attendait pas forcément. Et il faut bien avouer que ces retrouvailles sont réussies tant l’artiste arrive à nous proposer un univers qu’il maîtrise parfaitement et que l’on prend plaisir à écouter.
Coup de froid sur le pays, tant en terme de météo que de politique. Réchauffons nos petits coeurs avec de la musique, des livres du théâtre et la MAG#90...
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