Prenons le problème à l’envers, la musique de The Notwist est sophistiquée et cette sophistication peut être clivante. Entre le remarquable et le bâillement, il n’y a parfois qu’un pas.
Et puis il y a forcément la comparaison avec Shrink (1998) mais surtout Neon Golden (2002), peut-être indépassable, en tout cas indépassé sommet : les allemands se prenant les pieds dans le tapis de leurs propres envies / expérimentations avec le passable Close to the glass en 2014, et Lali Puna devenait plus intéressant encore sans Markus Acher (Two Windows, 2017).
En perpétuelle mutation, passant d’une électricité violente à une musique plus intellectuelle, plus intellectualisé en tout cas, mais gardant toujours leur intégrité les Allemands reviennent avec ce Vertigo Days, album dense qui demandera plusieurs écoutes avant de se dévoiler totalement, savant dosage entre sonorités indie rock et electronica. Un disque qui devrait dans l’idéal s’écouter d’une traite, être perçu dans sa globalité.
Il y a des recherches de timbres, une attention portée au son, à la matière sonore (on peut penser souvent à des collages sonores éclatant les formes), une intention portée aux dynamiques : aux rythmes (avec une sensation de mouvement), avec des notions de répétitions, de mélismes, de murmures : le plus intéressant est parfois à la limite de l’audible, du troublant (apporté également avec des instruments qui semblent imperceptiblement désaccordés). On regrettera d’autant plus l’absence de véritable travail sur les nuances.
Parfois le groupe se regarde et s’écoute jouer, trop maniéré (prétentieux) pour rien, il tourne à vide et provoque l’ennui : "Al Norte", "Exit strategy to myself", "Into the ice age" (avec Angel Bat Dawid, malheureusement sans la dimension spirituelle, incantatoire de sa musique), "Ghost".
Parfois il laisse entrer la lumière, gagne en humilité et en simplicité, sans pour autant perdre en intelligence musicale, laisse la musique vivre sa vie et accepte son émancipation et touche alors au très beau : "Into Love / Stars", "Where you find me", "Ship" avec Saya de l’excellent groupe japonais Tenniscoats (qui y laisse indéniablement son empreinte), "Oh Sweet fire" avec Ben Lamar Gay, "Sans soleil", "Al sur" avec Juana Molina, "Into love again" avec l’ensemble Zayaendo.
Oui, entre le remarquable et le bâillement il n’y a parfois qu’un pas...
Le printemps, les giboulées de mars, les balades au soleil ... la vie presque parfaite s'il n'y avait pas tant de méchants qui font la guerre. Pour se détendre, cultivons nous !. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.