Jean-Paul Didierlaurent
(Editions Au Diable Vauvert) mars 2021
Cette semaine aura été pour moi la semaine des huis clos montagnards puisqu’après avoir lu l’excellent Hors-piste, j’ai enchaîné avec le nouvel ouvrage de Jean-Paul Didierlaurent, l’auteur qui avait rencontré un grand succès avec Le liseur du 6h27. Malamute, son nouveau roman, écrit juste avant le confinement, est un roman qui résonne dans notre actualité.
L’histoire nous raconte celle du vieux Germain qui vit seul dans une ferme au cœur des Vosges. Sa fille lui impose de passer l’hiver avec Basile, un lointain neveu qui vient faire sa saison de conducteur d’engin de damage dans la station voisine.
A côté de chez le vieux Germain habite une jeune femme froide et distante qui conduit des engins des neiges mieux que tous ses collègues masculins, habite la ferme voisine, où ses parents élevaient une meute de chiens de traîneaux quarante ans auparavant.
Mais bientôt, le village est isolé par une terrible tempête de neige qui, de jours en semaines puis en mois, semble ne pas vouloir s’achever. Alors l’ombre des malamutes ressurgit dans la petite communauté coupée du monde.
Jean-Paul Didierlaurent est un formidable conteur d’histoires, personne ne peut le contredire et son nouvel ouvrage nous le prouve de nouveau. C’est presque même ici deux histoires qu’il nous raconte aussi puisqu’il joue à merveille avec le temps autour de deux périodes. L’une nous envoie au milieu des années 70 autour du journal d’une jeune slovaque qui, avec son mari, s’était installée à Voljoux avec l’intention de mettre en place une activité de promenades en chiens de traîneaux avec comme chiens les fameux malamutes qui donnent le titre à l’ouvrage.
La deuxième période nous ramène quasiment aujourd’hui, en 2015, autour du personnage incroyable de Germain, un vieil homme qui pour éviter la maison de retraite accepte la venue de Basile, un jeune traumatisé par un accident mortel lié à son engin de déneigement.
Comme lien entre les deux histoires et les deux époques se trouve la jeune voisine de Germain, qui est la fille du couple slovaque venu s’installer dans les années 70 avec les malamutes. Et c’est une tempête de neige apocalyptique qui va les réunir, qui va faire revenir les souvenirs concernant les malamutes. Un huis clos montagnard se dévoile, fait de révélations et de secrets bien enfouis. On va voir trois personnages qui ont des fêlures, on va voir leur destin se nouer.
L’ouvrage repose en grande partie sur le magnifique personnage de Germain qui a vécu des choses terribles, qui a des remords énormes et une culpabilité terrible. C’est un personnage attachant qui cherche au final la rédemption pour se libérer. La fin de l’ouvrage est aussi à la hauteur du roman, parfaitement réussie.
Malamute est vraiment un réel bonheur de lecture que je vous invite vivement à lire.
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