Quelle belle découverte que cet album d’un artiste malien, particulièrement touchant par son histoire, la musique qu’il nous offre et les messages qu’il y a derrière, empreint d’humanité. Ballaké Sissoko est un joueur de kora, un maître de cet instrument original et traditionnel, une imposante harpe-luth.
Une kora, son instrument fétiche qui, pour la petite histoire a connu des misères lors du retour d’une tournée de l’artiste aux USA début 2020. Fortement endommagée, sûrement à cause du traitement des bagages dans les grands aéroports, il ne pouvait plus l’utiliser à son retour au pays.
Fort d’un élan de solidarité et de nombreux dons, une somme de plus de 10.000 euros lui a permis de retrouver un nouvel instrument qu’il utilise pour le plaisir de nos oreilles sur son album Djourou, qui vient tout juste de sortir.
Aimant les albums de Stranded Horse, dans lesquels le français Yann Tambour utilise aussi une kora, je ne pouvais qu’apprécier cet album de Ballaké Sissoko, cet artiste qui a déjà fait deux albums en duo avec Vincent Ségal.
Au départ, Ballaké Sissoko a appris à jouer de son instrument auprès de son grand-père. Il a ensuite joué avec différents artistes de son pays, pour acquérir de l’expérience. Il a ensuite voulu observer ce qui se faisait ailleurs dans le monde, s’ouvrir lui et sa musique aux autres. Il a souhaité voir comment les musiques et les artistes étrangers pouvaient se marier avec les musiques traditionnelles de son pays et de sa culture.
Djourou, cet album symbolise tout cela, son désir de s’ouvrir au monde, d’aller à la rencontre d’autres univers. C’est un album de rencontre, une métaphore de l’union de ceux qu’il a invités sur son disque. Une union autour de sa kora et de sa musique traditionnelle.
L’album est constitué de neuf titres, dont deux sont des morceaux solo totalement habités qui nous permettent de bien rentre dans l’univers et la culture de l’artiste. Les autres titres sont des duo, tous magnifiques. On en trouve un avec Salif Keita, autre grand musicien africain, un autre d’une très grande beauté avec Sona Jobarteh, une Gambienne joueuse de kora aussi. Sur un titre, Sissoko détourne un air de Berlioz accompagné de Vincent Ségal et du clarinettiste Patrick Messina. On trouve aussi un duo magnifique avec la géniale Camille, artiste tout autant habitée que lui, un autre avec Oxmo Puccino. On retrouve enfin deux autres très belles collaborations, une avec Piers Faccini qui travaille sur le même label et une dernière, qui clôture magnifiquement l’album, avec Feu! Chatterton pour un morceau sublime de 9 minutes.
Djourou est donc un magnifique album, totalement dépaysant et rafraîchissant qui nous embarque vers des contrées musicales superbes. Un album à découvrir absolument.
# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine
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