On continue la découverte des éditions Marchialy avec sa ligne éditoriale bien particulière qui nous propose des ouvrages qui mêlent littérature et enquête sur des sujets souvent originaux, passionnants, qui nous emmènent aux quatre coins du monde.

Ici l’ouvrage vient d’une documentariste et journaliste indépendante pour la presse finlandaise et française depuis bientôt 20 ans qui s’appelle Taina Ternoven. Ses centres d’intérêt pour l‘écriture sont la famille, les migrations et les récits de vie.

Avec son ouvrage, Les fossoyeuses, l’auteur nous emmène dans un pays marqué par la guerre, la Bosnie-Herzégovine autour d’une anthropologue, d’une enquêtrice et d’une journaliste, trois femmes qui vont faire parler les morts dans un pays qui en a connu beaucoup à la fin du siècle derrière.

L’anthropologue, c’est Senem, une anthropologue judiciaire. L’enquêtrice, c’est Darija, qui travaille dans un pays fragilisé par la guerre des Balkans. Senem est chargée d’identifier les ossements humains retrouvés dans des charniers vieux de quinze ans. Darja, de son côté, se rend dans les familles comptant des disparus pour écouter leur parole tout en prélevant leur ADN.

C’est ces deux femmes que Tania Ternoven a rencontrées, n’ayant au départ aucune idée de leur l’ampleur du travail que les deux femmes effectuaient sur les disparus. Elle va suivre pendant plusieurs semaines leur quête de vérité, essentielle pour des familles qui n’ont jamais pu faire le deuil des êtres perdus.

Avec cet ouvrage, on découvre (ou bien on se rend bien compte) de la violence du conflit qui toucha les Balkans, particulièrement pour la Bosnie-Herzégovine qui a dû subir un immonde nettoyage ethnique, tout cela à quelques heures de Paris. La présence des nombreux charniers sur lesquels travaille Senem nous montrent le caractère sale de cette guerre ethnique, de la haine et de la violence qui s’est développée très rapidement dans cette région.

La découverte d’un charnier par l’auteure restera un moment important de sa vie, elle qui n’avait qu’une imagination de ce que cela pouvait être. L’importance du nombre de corps oblige les fossoyeuses à travailler avec une grande minutie, tant il est compliqué de distinguer les restes osseux. On sait aujourd’hui qu’il reste encore de nombreux corps bosniaques qui n’ont pas encore été identifiés.

L’ouvrage au final est un superbe plaidoyer pour celles et ceux qui ne veulent pas que l’on oublie ces terribles massacres, qui ont fait de leur existence un combat pour la recherche de la vérité tout en aidant des familles meurtries à faire leur deuil. Ces deux femmes dont nous parle l’ouvrage sont des êtres exceptionnels qui font un travail remarquable et compliqué.

Et une fois encore, cet ouvrage des éditions Marchialy est marqué par le sceau de l’originalité puisqu’il traite d’un sujet très loin d’être racoleur, particulièrement intéressant et nécessaire pour que la bêtise humaine ne se reproduise plus de cette manière-là.