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Eiskeller  (Cinq7)  mai 2021

Les pochettes des disques de Rover sont honnêtes. Sur son premier album, l'illustration, buste légèrement tourné, le regard plongeant dans l'objectif du photographe, sur fond noir, rappelait les portraits de l'école romantique française du 18e siècle, et en effet le disque regorgeait de mélodies délicates et d'envolées lyriques.

Sur Let It Glow, en 2015, Timothée Reigner pose en perfecto et lunettes noires sur fond rouge, et le disque est intense, rock et glam. Pour ce nouvel album, Eiskeller, Rover se montre en pleine lumière, de profil, col du manteau relevé.

Dès la première écoute, le disque révèle des mélodies lumineuses habillées par une voix toujours d'une grande beauté, mais plus tourmentée ("Roger Moore","I Still Walk") que sur ses deux précédents albums. Le disque joue des contrastes, chatoyance des mélodies et mélancolie ombrageuse de la voix, dont "For Ages" est un excellent exemple. Si "Wasted Love" est sous forte influence Sgt. Pepper, le disque peut surprendre par le choix de ne pas s'inscrire dans un seul sillon, mais de vagabonder entre les influences, autant britanniques qu'américaines, tout en conservant, par l'évidence des mélodies, une parfaite cohésion.

Sans qu'aucun malaise ne s'insinue, Eiskeller entraîne néanmoins l'auditeur dans des zones d'inconfort. Il ne s'agit pas uniquement d'une impression induite par les conditions d'enregistrement, dans les anciennes glacières Saint-Gilles de Bruxelles, par 12°C., alors qu'on entend la réverbération du lieu parfois dans le traitement du chant, une impression d'espace renforcée par le doublement de la voix, mais surtout d'une forme d'impudeur. Ce ne sont pas les paroles qui conduisent à cette impression, mais le chant en lui-même, sincère, à fleur de peau et terriblement humain.

Eiskeller est donc un album foisonnant d'idées et pourtant facile d'accès, teinté de nostalgie et pourtant actuel, sensible et pourtant élégant, lumineux et pourtant parfois à l'atmosphère chargée. C'est par la vérité qui s'en dégage et son absence de cynisme qu'Eiskeller est à la fois profond et éblouissant.

 

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En savoir plus :
Le site officiel de Rover
Le Bandcamp de Rover
Le Facebook de Rover


Laurent Coudol         
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