L'horizon est un concept à creuser
(Brouhaha) mars 2021
Dès les premières notes, j’ai su que je ne saurais pas quel style musique définit l’univers musical de Lizzy Ling et j’ai poussé un immense soupir de soulagement.
Nous sommes en présence d'abord d’un très bel objet, parce qu’avec la musique dématérialisée (quelle horreur que ce concept) nous en oublions trop souvent l’objet. Ici en l’occurrence un CD, une pochette bleue et une ligne d’horizon. Quoi de plus normal pour un album dont le titre est L’horizon est un concept à creuser.
Et Lizzy Ling, qui en est à son quatrième album, le creuse, le manipule et le transforme. Point d’horizon linéaire contrairement à la pochette de l’album mais bel et bien un sublime assemblage de musique électronique, de guitare et de synthé.
L’artiste qui a longtemps vécu au Japon nous apporte une touche d’originalité passionnante et ce, dès le titre d’ouverture "Dans les Hôtels", très pop électronique, univers qu’elle visite à sa sauce aussi sur "La Fêlure".
Elle rend hommage aux femmes, entre autres avec le titre "Greta Regretta" et surtout, et c’est pour moi un morceau magistral : "Embrasser Brassens". Pourquoi magistral ? Tout simplement parce que cette artiste qui évoque le célibat dans "Le célibat" - c’est beau avec sa petite touche hip-hop - est capable dans le titre "Embrasser Brassens" (co-écrit avec Julie Bonnafont) de nous faire deviner ce qu’aurait pu être la musique de Brassens aujourd’hui, sans parodie, sans pâle copie avec une évocation subtile et intelligente. Je suis fan de ce morceau.
Lizzy Ling a composé la majeure partie de l’album, en collaboration avec Julie Bonnafont sur deux titres et une reprise de "Manureva", écrite par Gainsbourg et chantée par Alain Chamfort. Là aussi avec sa touche d'originalité. Elle est aussi capable de nous cueillir avec un titre décalé au premier abord : "Les Goélands".
Lizzy Ling a composé un album, Working Day, sur les sons des métiers. Il y a une très grande maîtrise dans l’utilisation des sons et l’alliance qu’elle en fait avec la musique. Ils deviennent un véritable instrument.
Au final cet album de 10 titres est une superbe surprise, un très objet, un album fin, intelligent plein de subtilité et de douceur. A noter l’intelligence et la beauté des textes, "Le souffle court toujours", présenté comme un haletant récit autobiographique, nous ouvre à un imaginaire oscillant entre thriller, peur et espoir, et pour lequel Lizzy Ling a ajouté un corde à son arc en réalisant le clip, ou encore "Animal" qui clôt l’album, lui aussi sombre par un certain aspect.
Il serait dommage de passer à côté d’un tel album. Qu’on se le dise !
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