Spectacle conçu et interprété par Victoria Chaplin et Jean-Baptiste Thierrée.
Oeuvre hybride qui associe tour à tour humour clownesque, magie burlesque, métamorphoses oniriques, petits animaux mécaniques, numéros chantés, numéros muets, numéros espiègles, "Le Cirque invisible" déroute sur tous les plans, tout à la fois par son titre, son format et ses interprètes.
Tout au long des 1h15 de petits numéros qui se succèdent à un rythme effréné et ne durent pas plus de 5 minutes chacun, ils ne sont que deux comédiens pour tout interpréter, Victoria Chaplin, fille de l’acteur Charlie Chaplin, au visage de poupée et au corps souple comme une liane, et Jean-Baptiste Thierrée bonhomme rieur et facétieux aux costumes improbables en tapisserie ou en peau de zèbre et dont l’entrée sur scène s’accompagne invariablement des rires de l’auditoire instinctivement conquis.
Ces enfants de la balle en couple à la vie comme à la scène peaufinent leur spectacle depuis plus de 20 ans, peut-être même 30, en en faisant évoluer le nom (d’abord "Cirque bonjour", puis "Cirque imaginaire", et depuis 1990 "Cirque invisible") et les numéros au gré de leur créativité débordante, truculente, enthousiasmante et contagieuse qui mêle les arts visuels, corporels, l’absurde et le merveilleux.
Ainsi on s’enthousiasme devant un couper de carotte périlleux, qui finira, on en tremble, en manger de doigts (quand ce ne sera pas de bougies !). On s’émerveille devant le bestiaire fabuleux invoqué par Victoria Chaplin qui détourne tout textile et accessoire au service de son extravagante imagination, parfois marquise, parfois licorne, parfois poisson, autruche, ou femme orchestre lunaire.
On rit comme un enfant des levers de soleil côté pile et couchers de concombre côté face de Jean-Baptiste Thierrée. On s’émeut sur Les Trois Cloches, d’Edith Piaf et des Compagnons de la chanson, chantée en play-back par un chœur de marionnettes. On fond à l’arrivée de Jean-Louis le lapin, même si on doute finalement comme Alice de l’avoir vraiment vu. Il fait d’ailleurs très bien le lapin invisible ce Jean-Louis.
Jean-Baptiste Thierrée et Victora Chaplin se jouent des codes du cirque, monocycles, jonglages, lapins et femmes tronquées, pour revenir à l’essentiel : l’imaginaire enfantin et notre capacité intacte malgré les âges à nous émerveiller et nous glousser d’un petit rien.
Un nuage de bulles qui tintent en éclatant, une valise qui valse en coulisse et retombe telle une grosse caisse, une perruque exubérante sous un chapeau pointu, une tasse de thé bien compliquée à prendre sur une table tournante qui rappelle les boîtes à musique.
Ce spectacle, touché par la grâce de ses inventeurs et qui joue sur le rythme pour mieux nous captiver, ravivera sans aucun doute petit et grand de 9 à 99 ans. Un grand bravo à eux pour ce moment hors du temps. |