Comédie dramatique de Matt Hartley, mise en scène de Paméla Ravassard, avec Benjamin Penamaria, Garlan Le Martelot, Emilie Piponnier, Stefan Godin, Karina Beuthe Orr, Emilie Aubertot et Sébastien Desjours.
En Angleterre à Sheffield, le jeune Rich (Garlan Le Martelot, touchant) voit un jour débarquer son frère aîné, Pete, libéré de prison après 9 ans, qui souhaite renouer avec ses proches et surtout voir sa fille dont il ignore tout. Il lui faudra un moment pour rétablir des liens distendus et faire table rase du passé.
Le public est immédiatement immergé dans cette ambiance à la fois réaliste et austère de ces êtres dépassés par l'âpreté de la vie dont les rêves s'enlisent dans le quotidien terne d'une petite ville anglaise gangrenée par la fracture sociale, à l'image de Lucie Ashton (très juste Emilie Piponnier), la fiancée de Rich qui se morfond dans son magasin de chocolats.
Gravitent autour, des personnages désabusés dont on perçoit la fêlure ou le mal-être : Maggie Ashton, la mère de Lucie (frappante Karina Beuth Orr), Michelle (bouleversante Emilie Aubertot), lycéenne de l'âge de la fille de Pete ou Franck Burton, le père de substitution de Rich (solide Stefan Godin).
Brillament mis en scène par Pamela Ravassard qui crée des tableaux d'une grande beauté, "65 Miles" traversé d'une mélancolie lancinante entraîne la pièce sur un rythme alerte et installe une tension croissante que les lumières de Cyril Manetta contribuent à mettre en valeur.
Accompagné par une bande son rock, "65 Miles" est un spectacle totalement prenant qui ne laisse pas indifférent. Le public suit avec émotion la quête de Pete (formidable Benjamin Penamaria, avec un jeu d'une éblouissante intériorité), ce père en quête de rédemption dans la banlieue anglaise. La scène où il rencontre le père adoptif de sa fille (génial Sébastien Desjours) est magnifique.
Une mise en scène admirable de Pamela Ravassard et des acteurs techniquement irréprochables pour cette belle pièce de Matt Hartley (magnifiquement traduite par Séverine Magois) parfois drôle mais surtout poignante sur les rapports humains, le temps qui passe et la résilience.
De la belle ouvrage à voir absolument. |