Coeur <3
(Du Vivant ! / L'Autre Distribution) août 2021
Dire que l’on aime Ottilie [B] chez Froggy’s Delight est un euphémisme. Nous l’adorons depuis ses débuts, avec son premier album Histoire d’O2 puis son superbe deuxième album Passage, datant déjà de 2017.
C’est donc un immense plaisir que celui de la retrouver en cette rentrée 2021 et cette fin d’été avec un nouvel album intitulé Cœur <3. Comme l’artiste sait ne jamais faire comme les autres, cet album a d’abord connu ses premiers battements sur scène, très vite arrêté par le contexte sanitaire.
Dès la première écoute de l’album, et il en faut plusieurs pour véritablement rentrer dans l’œuvre d’Ottilie [B] et en profiter totalement, on sent que cet album est taillé pour la scène, pour être au cœur d’un dispose permettant au public d’être en immersion avec sa musique. Des premiers concerts sont d’ailleurs prévus dès le mois d’octobre, Ottilie [B] ayant déjà fait quelques festivals cet été, je vous invite fortement à aller découvrir cette artiste sur scène.
Cœur <3 est un album superbe, dans la lignée des précédents. Une première écoute permet de se remettre dans l’univers d’Ottilie [B], comme un retour au source d’autant plus salvateur si on ne l’a pas écouté depuis longtemps. Une deuxième écoute permet de voir que l’artiste n’a pas fait le choix de rester dans la zone de confort de son précédent album. Avec Cœur <3, elle arrive encore à nous surprendre en nous proposant de nouvelles expériences musicales et sonores.
Epaulée par une autre tête chercheuse complice et familière de son univers, le musicien-compositeur-arrangeur Olivier Koundouno, Ottilie [B] mélange dans son album des textures électroniques, samples et orchestrations world avec une grace envoûtante. Envoûtant est sûrement le terme qui définit le mieux cet album. Un album plus minimaliste, charnel, viscéral et urbain que son précédent.
Constitué de douze titres, que je vous recommande d’écouter dans l’ordre, pour mieux vivre le voyage, on y retrouve une multitude de sons que seule une écoute attentive pourrait capter. D’ici là un sublime violoncelle apparaît sur un titre comme une fleur éclorait. Des micro-sons naviguent, sortent du bois sur certains titres comme un cristal baschet, des bruits d’ascenseur ou de manif.
Evidemment, écouter Ottilie [B], ce n’est pas seulement se laisser porter par sa musique, ses beats concassés et ses incantations tribales sur certains titres, c’est aussi porter attention sur la beauté de ses textes, sur sa poésie indomptable et sa littéralité mais aussi sur sa capacité à mettre en forme mots et idées au cœur de son art. Des mots et des textes que la voix incroyable de l’artiste sait mettre en relief.
Ottilie [B], ce n’est plus un secret possède un chant aux techniques vocales inouïes. Voix de tête, voix de gorge, vocalises, rien n’empêche l’artiste. Sa voix se fait parfois fragile, parfois puissante, elle peut être sensuelle et douce. Ottilie [B] chante, parfois elle chuchote ou elle murmure. Elle nous montre aussi sur certains titres sa technique de phrasé-parlé qu’elle manie à la perfection. Tout un art en quelque sorte.
Un art qu’elle partage sur ce disque avec quatre très beaux artistes. L’album s’ouvre sur un duo avec Oriane Lacaille intitulé "Définitif", un titre à la couleur créole de celle qui l’accompagne. Sur "Ton ombre", on retrouve la félinité de Dimoné qui l’accompagne. Sur "JSNPQD", nous retrouvons Nicolas Jules, qui vient de sortir récemment Le yéti. A la fin du disque, l’artiste nous propose un duo avec Wendy Martinez, "Marie M", dans lequel elle parle de l’érotisation du sexe de Jésus.
Une fois encore, Ottilie [B] nous éblouit de ses talents. Son album est une petite merveille, celui d’une artiste qui a du cœur et sait nous en faire profiter. Chapeau bas !
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