Le ballet de cour est loin d’être un genre anecdotique. Le ballet de cour, la danse, n’est pas qu’une simple distraction pour la noblesse, elle est également le lieu, de plus en plus fastueux avec de superbes scénographies (spectacle total réunissant musique, danse, peinture...), d’enjeux sociaux et politiques, le symbole d’une certaine éducation, de la grâce et de l’harmonie, de la grandeur du roi. La danse est un divertissement de cour (si le roi danse, la cour danse également), miroir qu’elle souhaite se renvoyer d’elle-même, éloge au roi. Il trouvera son pinacle sous le règne de Louis XIV avec la musique de Lully avant de se transformer plus tard en tragédies lyriques.

Le Ballet Royal de la naissance de vénus sur un livret d’Isaac de Benserade et la musique de Jean-Baptiste Lully est un hommage en 12 entrées de Louis XIV à sa belle-sœur, la princesse Henriette d’Angleterre. Il fut donné en 1665 au Palais-Royal, chez Madame, l’épouse de Philippe d’Orléans, qui interprèta Vénus et avec Henriette elle-même dans le rôle de la déesse de l’amour et de la jeunesse. La dernière entrée réunissait sur scène le roi et sa belle-sœur.

Le ballet est en deux parties et évoque la mythologie : la naissance de Vénus, Neptune et Thétis, les Néréides, Eole, Castor et Pollux, Appolon et Bacchus, les nymphes marines, Alexandre et Roxane...

On retrouve en plus de ce ballet de cour des extraits du Ballet des Amours déguisés (l’air d’Armide "Ah ! Rinaldo, è dove sei ?") du ballet Psyché, du Carnaval (Son dottor per occasion) et du Bourgeois gentilhomme.

Comme d’habitude avec Christophe Rousset et Les Talens Lyriques, l’interprétation est superbe (avec une mention spéciale pour Deborah Cachet et Philippe Estève) avec de nombreuses nuances et dynamiques. Aucune raison donc de bouder notre plaisir et s’interdire de se replonger dans les fastes de ce ballet.