Un nouvel ouvrage du géant Richard Ford est toujours un évènement en soi et la sortie de Rien à déclarer en ce début de mois de septembre n’a en rien dérogé à cette règle. Alors même si ce n’est pas un roman que nous propose l’auteur du superbe Canada sorti en 2013 mais un recueil de nouvelles on ne peut que s’incliner devant la beauté des textes qu’il nous propose, traduits par l’excellente traductrice Josée Kamoun.
On ne peut qu’aimer l’exercice de la nouvelle quand on lit celles que nous propose Richard Ford qui au passage de cet ouvrage salue deux de ses modèles, James Salter, pour sa précision, sa cruauté et sa mélancolie et Alice Munro, la championne incontestée du discours indirect libre (deux auteurs publiés aux éditions de l’OIivier. Notons par ailleurs que sort aussi en ce moment dans une superbe nouvelle collection l’ouvrage Indépendance, datant de 1995, encore un livre à lire absolument.
Avec Rien à déclarer, Richard Ford nous emmène à New-York ou dans le Michigan, à La nouvelle Orléans, à Paris ou à Dublin où des hommes et des femmes se penchent sur leur passé. Solitaires le plus souvent, parfois malgré eux (séparés, veufs ou célibataires), ils s’interrogent aussi sur leur avenir. Sans amertume, même quand la nostalgie joue en sourdine la petite musique des regrets, la ritournelle des occasions perdues et des rendez-vous manqués.
Selon l’auteur, il n’y a rien d’autobiographique dans ces nouvelles. Pourtant, on est tenté d’y lire, entre les lignes, le bilan de la maison Ford. Sans jamais utiliser la première personne du singulier, on retrouve dans ces nouvelles et dans les personnages présents un peu de Richard Ford, ne serait-ce qu’au travers d’un certain goût pour l’ironie.
Dix nouvelles sont présentes dans le livre, la première donnant le titre à l’ouvrage, une nouvelle particulièrement réussie à mon goût. Tout au fil de l’ouvrage, l’auteur nous propose des personnages qui sont tout sauf lisses, des personnages qui ne sont pas souvent ce qu’ils laissent penser. Ils sont riches, souvent connus, font des métiers réputés et vivent dans de belles demeures qui devraient les rendre heureux. Et pourtant, cela ne les empêche pas d’avoir des regrets, nombreux que ce recueil de nouvelles va nous faire découvrir. Cela en fait au final des gens ordinaires avec des existences et des vies ordinaires.
Des personnages qui au détour d’un souvenir ou d’une rencontre reviennent à un amour ancien et s’interrogent sur la notion de bonheur et sur la place que l’on prend ou que l’on tient dans la vie des autres. Tout cela porté par la superbe écriture de Richard Ford qui sait toujours trouver les mots justes pour décrire un sentiment qu’il soit de joie ou de peine.
Avec cet ouvrage, Richard Ford s’avère être aussi un formidable auteur de nouvelle, lui qui excelle aussi dans le roman. On n’en doutait pas, Rien à déclarer est une merveille de lecture. Qu’on se le lise… |