Comédie dramatique de Ciro Cesarano et Fabio Gorgolini, mise en scène de Fabio Gorgolini, avec Ciro Cesarano, Fabio Gorgolini, Laetitia Poulalion, Boris Ravaine et Audrey Saad (ou Amélie Manet).
La Compagnie Teatro Picaro s'est dédiée à l’écriture, dans le registre de la tragi-comédie, de textes originaux sur des thématiques contemporaines inspirés d'oeuvres d'auteurs du 20ème siècle
Dans ce genre théâtral, propice à la combinatoire du burlesque existentiel et du tragique ordinaire, ses fondateurs Ciro Cesarano et Fabio Gorgolini ont conçu "La fuite" inspirée de "On ne sait comment", l'ultime et inachevée pièce du dramaturge italien Luigi Pirandello traitant du relativisme moral, du pseudo-déterminisme dans l'agir et de la culpabilité. Ce au terme d'une adaptation libre avec une recontextualisation spatio-temporelle en transposant l'intrigue bourgeoise des années 1930 au milieu plébéien contemporain qui n'exclut pas la confrontation des contingences matérielles et des questionnements métaphysiques. L'intrigue se déroule dans un modeste restaurant au bord de la faillite sur fond de préparation d'un repas de mariage, qui peut s'avérer son chant du cygne ou l'amorce d'une inespérée reprise d'activité, avec un patron débordé (Ciro Cesarano) enquillant maladresses et coups du sort et se débattant comme un beau diable pour garder la tête hors de l'eau avec ses fidèles employées (Laetitia Poulalion et Audrey Saad). En sus, il doit faire face à l'arrivée du mari de l'une (Boris Ravaine), ami et créancier venant réclamer son dû et à la véhémente irruption du mari en état de décompensation psychique de l'autre (Fabio Gorgolini) qui va contaminer à différents degrés d'intensité tous les protagonistes. Dans le minuyeux décor réaliste de Claude Pierson, et soutenue par la judicieuse mise en scène cinétique de Fabio Gorgolini, cette trame cathartique se déploie sur trois journées entre panique en cuisine, petits règlements de compte entre amis et jeu de la vérité, dans une tension crescendo habilement canalisée par le jeu truculent flirtant parfois avec la commedia dell'arte de Ciro Cesarano.
Dans une belle synergie et une éloquente choralité, les officiants, comédiens aguerris et investis, et chacun juste dans sa partition, dispensent un spectacle d'excellente facture. |