C’est devenu chez moi une habitude que celle de lire un nouvel ouvrage du très connu auteur vietnamien Viet Thanh Nguyen. Après avoir rencontré un succès bien mérité avec son premier ouvrage en 2017, confirmé par un essai en 2019 puis un recueil de nouvelles en 2020, voilà enfin ce que l’on pourrait appeler la suite du sympathisant, donc le deuxième roman de l’auteur.
On y retrouve le fameux agent double, plongé dans le Paris des années 80, sa faune interlope, ses philosophes marxistes et sa place de la bastille.
L’ouvrage se déroule durant l’été 1981, année particulière pour la France qui a vu l’arrivée d’un président de gauche. Tout juste échappé d’un camp de rééducation communiste, notre héros, un certain Vo Danh, atterrit à Paris, accompagné de son frère de sang et bien décidé à laisser derrière lui son tumultueux passé d’agent double.
Malgré l’effervescence de cette année 1981, la vie dans la capitale n’est pas tendre pour ce nouveau réfugié, torturé par ses multiples identités et par de terribles souvenirs de guerre. Aidé du boss, le seul contact sur place, tous deux se lancent dans un lucratif trafic de cannabis auprès d’intellectuels de gauche et autres philosophes marxistes.
Mais très vite, ils se retrouvent au cœur d’une brutale lutte de territoire entre dealers algériens. Et comme si cela ne suffisait pas, ils apprennent que l’homme masqué, leur tortionnaire au camp de rééducation, serait lui aussi à Paris et occuperait un poste important à l’ambassade du Vietnam.
Après avoir terminé cet ouvrage, je me suis demandé lequel des deux ouvrages (entre celui-ci et Le Sympathisant) était mon préféré. Je dois avouer que c’est sûrement celui-ci, peut-être par ce que je viens de le terminer quand l’autre est lu depuis des années maintenant. La dimension politique anti-impérialiste et sa réflexion subtile sur l’histoire dans Le Sympathisant m’avait beaucoup plu mais je dois dire que l’humour et l’ironie présents dans Le dévoué m’ont emballé.
Cela confirme pour moi l’élégance et la pertinence d’écriture de l’auteur qui arrive intelligemment à pointer du doigt des problématiques comme le racisme et l’identité, au cœur de l’actualité. En mêlant de nouveau le drôle et le tragique de façon géniale, l’auteur nous propose un livre qui se dévore, une excellente suite au sympathisant. Retrouver cet auteur fut pour moi de nouveau un régal. |