Comédie de Molière, mise en scène de Alain Batis, avec Emma Barcaroli, Anthony Davy, Théo Kerfridin, Julie Piednoir, Boris Sirdey, Marc Ségala et Blanche Sottou.
Pour sa création 2021, la Compagnie La Mandarine blanche présente "L'Ecole des maris" de Molière comédie dans laquelle il traite de ses thémes de prédilection que sont la déconfiture du tyran domestique, l'éducation liberticide des filles, le mariage forcé et le triomphe de l'amour.A la mise en scène, Alain Batis analyse cette intrigue, avec la collaboration de Jean-Louis Besson à la dramaturgie, comme la confrontation entre le patriarcat fondé sur la domination masculine et le néo-féminisme qui induit une résonance politique avec la condition féminine dans la société contemporaine. Soit un face-à-face entre l'homme blanc occidental de plus de cinquante ans en deux déclinaisons à l'extrême du spectre, l'une mesurée fondée sur le progressisme, l'autre radicale imposant la tyrannie et la servitude, et un trio d'opprimées composé de deux jeunes filles de bonne famille, l'une dans la rébellion frontale, l'autre dans la stratégie de détournement, et une plébéienne ancillaire militante des droits des femmes. Au spectateur d'apprécier, avec l'approche analogique proposée, si la partition généralement considérée comme une comédie de moeurs farcesque recèle une pièce à thèse pour la mise en oeuvre de laquelle Alain Batis ne procède pas par la recontextualistion mais a opté pour un panachage avec un dispositif multi-images et des télescopages temporels tous azimuts qui aboutissent à des juxtapositions paradoxales. Ce qui se concrétise formellement par la scénographie minimaliste de Sandrine Lamblin avec la délimitation de l'espace scénique par plateau de bois en terrasses évoquant tant le théâtre de tréteaux que le podium, sur lequel se déroulent d'hétéroclites intermèdes musicaux surnuméraires avec des répliques reprises au chant, et l'hétérogénéité des costumes bigarrés confectionnés par Jean-Bernard Scotto qui use du décalage résultant du procédé du "mix and match". Cette approche préside également à l'ajout de récurrentes ponctuations musicales en fond sonore, au jeu avec la déclamation classique de l'alexandrin et la gestuelle appuyée à la façon commedia d'ell arte, ainsi qu'à la direction d'acteur qu'Alain Batis, dans sa note d'intention, indique placée "entre dépouillement et extravagance" pour "libérer la Parole vivante du Poète Molière".
Jouant les équilibristes, les comédiens bien distribués - par ordre d'apparition sur scène Marc Ségala (Ariste) et Boris Sirdey (Sganarelle) Emma Barcaroli (Lisette), Julie Piednoir (Léonor), Blanche Sottou (Isabelle), Anthony Davy (Valère) et Théo Kerfridin (Ergaste) - parviennent à tenir ces ambivalences et dispensent un spectacle qui intéressera les amateurs de relecture du théâtre classique. |