En 2020, Nicolas Struve présentait sous le "Correspondance avec La Mouette" un opus théâtral à deux voix, composé indiquait-il comme "un petit récit“ d’amour et de morale éphémères", évoquant la relation amoureuse entre Anton Tchekhov et la jeune femme possiblement inspiratrice de Nina, l'emblématique personnage de sa pièce "La Mouette".
Cet opus ne ressortait pas à la fiction mais de la transposition scénique de l'essentiel du réel corpus épistolaire entre le dramaturge russe et Lydia Mizinova.
Et tel qu'il résultait d'un conséquent travail de lecture, de traduction et d'analyse pour explorer la nature d'une relation qui s'avère ambigue.
Tout comme les sentiments de personnalités opposées, elle est aussi sémillante qu'il est ténébreux, prises dans le vertige de l'amour, "ce désir fou que rien ne chasse, le cœur transi reste sourd" de la chanson d'Alain Bashung.
Sous le titre éponyme, Nicolas Struve procède à la publication de la quasi-totalité des lettres échangées entre janvier 1891 et janvier 1900 pour la plupart inédites, avec un incipit intitulé "Un rencontre" qui commence ainsi tel un synopsis :
"Automne 1889, Moscou, Lydia Mizinova et Anton Tchekhov se rencontrent. Enseignante de russe dans un lycée pour jeunes filles, elle est, à 19 ans, d’une grande beauté. Il a 29 ans. Il est médecin et écrivain célèbre."
Un incipit didactique pour situer un contexte plus événementiel que sentimental et dans lequel, s'il évoque quelques indices et pistes, du possible au probable, de l'éventualité à la réalité, de la probabilité à la vraisemblance, il ne tire pas de conclusion laissant libre champ au lecteur.
Un lecteur qui sans doute sera surpris par le ton, et même le vocabulaire, de ces lettres dont il faut prendre toute la mesure entre une jeune femme émancipée et un homme irrésolu presque sur la défensive qui ne ressortent pas au discours amoureux classique et qui, sous des allures vraie-fausse amitié amoureuse, prend une allure d'amour raté alors que n'existe aucun empêchement potentiel.
Et qui semble révéler que l'attitude Anton Tchekhov, déjà malade qui meurt en 1904, conduit Lydia Mizinova, au demeurant très lucide, à s'engager dans un processus d'autodestruction. |