Il semble évident que la littérature nigériane soit en plein essor tant l’on voit depuis quelques années de nombreux ouvrages arriver dans nos librairies venant de ce pays très peuplé d’Afrique Noire. Les éditions Globe nous proposent en ce début d’année un ouvrage d’une auteure nigériane appelée Chika Unigwe.
Vivant aujourd’hui aux Etats-Unis, elle nous propose un ouvrage qui brosse le portrait de personnages féminins complexes et nuancés tout en explorant des sujets importants comme la migration, le déracinement et la violence, toujours par le prisme du drame humain. Fata Morgana est le deuxième roman de cette auteure, le premier publié en France.
On pourrait s’interroger sur ce que peuvent représenter 30.000 euros dans un pays comme le Nigéria gangréné par la violence et la pauvreté. 30.000 euros, c’est le prix à pays pour quitter Lagos et le désespoir qui tue. La somme qui peut permettre d’atteindre l’Europe, l’eldorado débordant de richesses pour ces jeunes nigérianes.
30.000 euros, c’est aussi une dette à laquelle s’ajoute le loyer qu’il faut rembourser par mensualités en travaillant dix heures par jour dans une rue du quartier chaud d’Anvers.
Sissi, Ama, Efe et Joyce ont quitté le Nigéria, animées par cette volonté universelle : survivre pour se construire une vie meilleure. En attendant, elles partagent un modeste appartement et rejoignent chaque soir les vitrines du quartier rouge, les yeux rivés sur les promesses de l’Europe. Mais soudain, le meurtre brutal de Sissi fait voler en éclats la routine et les silences. Et c’est toute leur histoire qui surgit alors des profondeurs de l’humanité.
L’ouvrage nous fait donc suivre le destin de quatre femmes africaines qui décident de quitter le Nigéria pour se rendre en Europe. Pas spécialement amies au départ, chacune ayant des projets une fois leur dette remboursée, elles partagent un appartement sans vraiment se connaître jusqu'à ce que la mort de l’une d’entre elle ne les pousse à se rapprocher au gré de confidences qu’elles commencent à échanger.
Vous l’avez compris, le cœur de ce roman porte sur la prostitution organisée de femmes venant d’Afrique noire avec des filières d’immigration clandestine mises en place par des Africains peu scrupuleux du sort des femmes de leur pays.
Et en même temps, c’est aussi un ouvrage qui en dit long sur les mœurs de notre société, au travers du regard que ces femmes mises sous verre en Europe peuvent avoir des gens qui passent dans ces quartiers qui en deviennent même touristiques.
Quelle lecture touchante se dévoile de cet ouvrage qui dresse une analyse terriblement humaine de cette prostitution européenne insupportable ! Les mots de l’auteur sont justes, tellement lucides qu’on en ressort bouleversé devant le passé et l’avenir de ces femmes qui veulent être libres et heureuses. |