Performance poétique conçue par Sébastien Depommier et Muriel Vernet d'après des fragments poétiques de Victor Hugo interprété par Sébastien Depommier dans une mise en scène de Muriel Vernet.
Dédiée au registre du théâtre poétique, la Compagnie Choses Dites propose de partager la parenthèse poétique hugolienne dispensée par le comédien Sébastien Depommier, concepteur du spectacle avec Muriel Vernet, metteure en scène, comédienne et pédagogue.
La poésie sur scène constitue un exercice aussi difficile que périlleux et elle se complexifie encore tel en l'espèce avec la partition intitulée "L'oeil égaré", élaborée par Madeleine Marion et Redjep Mitrovitsa, qui ne puise pas dans les recueils publiés par Victor Hugo dont nombre d'opus sont encore inscrits dans la mémoire collective.
Mais dans le corpus de fragments poétiques ressortissant à un "work in progress" non achevé ou non identifié par lui-même légué à la Bibliothèque nationale de France et à la postérité et dont certains figurant dans le recueil posthume "Post-Scriptum de ma vie" ublié en 1901 ont été récemment recensés par André du Bouchet sous le titre "L'oeil égaré dans les plis de l'obéissance au vent".
"L'oeil égaré" est celui de l'Homme avec majuscule qui ne doit pas se laisser éblouir ou aveugler par la matérialité visible et sa corporéité tragique, mais s'en extirper en quête d'infini, autre nom de Dieu, et d'élévation de l'âme.
Et, à ce titre, les phrases introductives révèlent l'essence du propos et de l'expression poétique de métaphysique développée par Victor Hugo pour aborder, avant Heidegger, le concept de présence au monde : "Où sont les abîmes ? Où sont les escarpements ? Pourquoi nous contentons-nous des aspects plats de cette terre et de cette vie ? Il doit y avoir quelque part des trous effrayants, déchirures de l’infini, avec d’énormes étoiles au fond, et des lueurs inouïes."
Dans la scénographie minimaliste de Daniel Martin, en résonance avec l'oeuvre graphique au noir d'une grande modernité plastique de Hugo, et sous les lumières crépusculaires de Julien Cialdella, avec l'art de l'éloquence sensible et du verbe incarné, Sébastien Depommier porte superbement et sans emphase le souffle lyrique de celui considéré comme le génie de son siècle.
Pour effectivement, dès lors que la disponibilité d'écoute est au rendez-vous, entre illuminations et voix intérieures, prendre la mesure de l'humanité.
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