On connaissait Aymeric Caron le journaliste, l’essayiste et le militant écologique mais il ne s’était pas encore présenté comme auteur de roman. Connu pour ses nombreuses participations à des émissions télé, ses positions radicales sur l’écologie et le bien-être animal, le voilà donc nous proposant un premier roman qui, je dois vous l’avouer, a attiré ma curiosité.
Pas particulièrement fan d’Aymeric Caron, je lui reconnais néanmoins une honnêteté intellectuelle que l’on ne retrouve pas toujours chez les journalistes. Agaçant parfois par ses prises de position, il n’en reste pas moins intéressant de découvrir ce qu’il nous propose avec ce roman qui se déroule en 2054, un temps qui au final n’est pas si éloigné de notre époque.
Le 14 février 2054, la planète se retrouve plongée dans un immense chaos. Le réchauffement climatique a engendré de nombreux fléaux, parmi lesquels l’afflux massif de réfugiés climatiques qui a provoqué La Guerre des murs, laquelle oppose des groupes de migrants et des puissances qui refusent de les accueillir.
Les écologistes, comme les communistes au temps du maccarthisme, sont désormais chassés, emprisonnés et éliminés, et pour se défendre ils ont pris les armes. Auriline, près de 80 ans apprend qu’elle va mourir dans les heures qui viennent, en raison d’un évènement qui détruira une partie de l’humanité.
Le roman retrace sa vie, de sa naissance en 1980 jusqu’à ses derniers instants. Sa mémoire remonte jusqu’à l’arrivée en France de son grand-père, après la Seconde Guerre mondiale. En repêchant des morceaux de vie éloignés dans l’espace et le temps, elle compose le tableau d’une nature humaine prédatrice.
A travers une saga familiale mettant en scène des militants de l’écologie, nous revivons les moments historiques où tout a basculé. Se croisent Thatcher, Khomeiny, Sartre, Giscard d’Estaing, Brigitte Bardot mais aussi les boat-people, Greenpeace, les amis de la terre et EELV.
Des personnes publiques qui croisent des gens ordinaires comme Achille qui se blesse en manifestant à Cherbourg contre le nucléaire. Ou encore Aurore qui veut partir en Malaisie au secours des boat-people. Et Jérôme qui rencontre le dirigeant iranien à Neauphle-le-Château avant son retour triomphal en Iran. Abram, lui tente de sauver des oiseaux englués dans le pétrole de l’Amoco Cadiz à Portsall. Quand Sélène embarque pour la Norvège afin de se confronter à des chasseurs de phoques.
Réchauffement climatique, marées noires, nucléaire, destruction des espèces, néolibéralisme, montée du terrorisme islamiste, cette fiction passionnante et originale, écrite d’une plume rare, raconte comment nous avons laissé faire, comment nous avons dérivé pendant des décennies et comment nous avons condamné le vivant.
Le premier roman d’Aymeric Caron, engagé contre le déclin écologique et politique de notre espèce, entremêle donc l’histoire et la fiction pour brillamment mettre en lumière l’urgence de la conversion écologique universelle.
Ma curiosité concernant cet ouvrage aura donc été bénéfique, j’ai pris plaisir à le lire et il est indéniable que cette fiction qui au final n’en est pas tant que cela amène beaucoup réfléchir sur notre avenir (et celui de nos enfants) et ce que nous pouvons / devons faire pour qu’il ne soit pas compromis. |